Selon Nasser Njoya, expert en marketing, le Cameroun gagnerait beaucoup attribuant le nom de Roger Milla au complexe sportif de Japoma. Il estime que sur le plan économique il serait plus rentable d’appeler le stade ainsi. Le Cameroun pourrait ainsi faire d’énormes recettes.

Le stade Roger Milla, ce que je pense
Depuis quelques jours, les Camerounais sont partagés entre les « pour » ou les « contre » le baptême du stade de Japoma du nom de la légende mondiale Roger Milla.

Ma formation professionnelle ou ma déformation professionnelle m’impose une lecture dépouillée de toute émotion ou posture partisane. Longtemps, l’Afrique a pratiqué deux types de naming. Le naming des individus, ici, c’est souvent des hommes politiques et le naming des événements historiques. Si je ne suis pas du tout tolérant avec le 1er, je le suis un peu avec le second. Car, parfois, il vient s’inscrire dans la mémoire d’une nation. Le stade des martyrs à Kinshasa a une forte portée symbolique qui raconte l’histoire d’un peuple.

Néanmoins, le 21eme siècle, nous ouvre plus la porte à un autre type de naming. Celui-ci est plus commercial et présente l’avantage de soulager la trésorerie de l’état. Ce dernier peut ainsi investir cette économie dans la santé, l’éducation, les infrastructures, la recherche ou la sécurité. Nommer une arène sportive Palais polyvalent des sports, stade de Japoma, stade Ahmadou Ahidjo ou stade Paul Biya ne rapporte rien à l’Etat. Les boulevards et les rues, voir un hall of fame peuvent célébrer les hommes ayant servis la nation.

Excepté le Madison Square Garden de New York, tous les clubs de la NBA évoluent dans une arène sportive portant le nom d’une marque. Il en est de même en Premiere League anglaise où environ 1/3 des clubs jouent dans stades portant le nom d’une marque. Bayern joue à l’Allianz Arena et l’OM joue à l’Orange Vélodrome.

Un des exemples qui peut résoudre l’équation du stade de Japoma se trouve peut-être à Londres. Le stade du club d’Arsenal s’appelle Emirates stadium et devant l’écrin on y trouve la statue de la légende Thierry Henry.

Appeler un stade Roger Milla peut également générer des revenus. À condition que le marketing suive et fasse de cet endroit un lieu touristique majeur. Car, plusieurs personnes voudraient visiter le stade qui porte le nom de la légende.
Où je ne suis pas d’accord avec Roger Milla, c’est quand il dit « ….c’est dans mon village ». Il fait ainsi sans le savoir la promotion de ce tribalisme d’état hideux qui souhaite renvoyer chaque citoyen construire la nation d’abord à partir de son village.

À ceux qui disent que « est ce que Milla jouait seul? », permettez-moi de vous répondre que, quand on parle de football au Brésil, tout le monde s’efface et laisse la place à Pelé.