Actualités of Thursday, 31 August 2017

Source: camer.be

Voici comment des délégués départementaux arnaquent les hôteliers

Ils ont été débusqués dans leurs manoeuvres par la déléguée départementale du Tourisme Ils ont été débusqués dans leurs manoeuvres par la déléguée départementale du Tourisme

Ils ont été débusqués dans leurs manœuvres par la déléguée départementale du Tourisme. Le préfet de l'Océan a été saisi, ainsi que le ministre du tourisme et des loisirs.

Les hôteliers sont en colère, très en colère. Leur ire est portée contre certains chefs de départements ministériels représentés à Kribi. Depuis quelques temps, ces chefs de département descendent ou envoient leurs agents dans tous les établissements hôteliers de la place extorqué de l'argent aux promoteurs. Leurs tactiques, le contrôle, alors que cela n’entre pas dans leurs attributions.

« Je suis vraiment dépassé par cette situation. C'est invivable cet imbroglio. Tout le monde croit que les hôteliers sont des vaches à lait. Nous avons le délégué du commerce qui vient contrôler le prix de la bière dans nos hôtels. Cela n'entre pas dans ses attributions. Nous fonctionnons sur autorisation du ministre du Tourisme et non sous le régime des licences. Qu'il aille contrôler les bars », s'indigne un hôtelier.

Le grief des acteurs du secteur touristique à Kribi va plus loin. « Certains agents de la délégation du commerce viennent manger dans les restaurants et au moment de payer, ils disent que c'est la hiérarchie; ils ne payent pas. C'est de la filouterie et cela doit s'arrêter », dénonce un promoteur de restaurant dans la localité. Un doigt accusateur est pointé également sur le délégué départemental de l'environnement M. Tsiangue Michel. Les quatre millions de mise en demeure adressée au propriétaire de l'hôtel "Le phare" fait encore jaser les hôteliers de la ville. Une autre amende à payer par un hôtelier de la place. Celle de Jean-Pierre Minkulu, le délégué départemental du commerce. 1.500.000 FCFA à payer pour refus de recevoir une équipe de contrôle de la délégation du commerce de Kribi. Des sommes qui n'ont pas été payées par les restaurateurs du fait de l'interposition de la déléguée du Commerce.

Enrichissement illicite

« J'ai demandé aux hôteliers de ne rien payer à ces gens-là, car je ne sais pas ce qu'un délégué du commerce ou de l'environnement peut aller chercher dans un hôtel. J'ai dit à ces hôteliers de leur demander de venir me voir. Personne n'est jamais venu », indique Mme Laurence Chantal Assam, la déléguée départementale du tourisme de l'Océan. « Je n'ai pas un problème de personnes avec les autres délégués, mais de compétences.

Je ne peux pas laisser un délégué empiéter mon domaine de compétence. C'est comme si moi la déléguée du tourisme je me retrouvais en train de contrôler les stations-services. Les textes sont là et je me dis que c'est la mauvaise foi. Je pense qu'ils ont fini de grappiller dans leurs domaines et il n'y a plus rien, et comme le tourisme est une vache à lait selon eux, c'est chacun qui y vient pour préparer sa retraite », ajoute, courroucée la déléguée. « Ce n'est pas sérieux.

L'environnement, le commerce et plusieurs services se retrouvent en train de squatter dans les hôtels. On a même vu les services de la santé aller noter les chambres d’hôtel. A quel titre? Quand un délégué du commerce va contrôler la conformité des hôtels, est-il en mesure de les fermer s'ils sont hors-normes? C'est nous qui sommes chargés de délivrer les imprimés pour l'obtention et nous seuls avons le droit de sanctionner s'il y'a une infraction. Il y'a une commission mixte d'inspection composée des délégués départementaux des mines, du tourisme et de l'environnement dont le préfet est le président. La descente se fait deux fois par an et en dehors de cela, il n'y a aucune autre inspection. C'est de l'arnaque », renchérit un cadre de la délégation du tourisme.

Dans la ville la situation alimente les conversations, et les hôteliers et restaurateurs sont décidés à ne plus donner un seul franc à ces « arnaqueurs ». Toutes les administrations de la place dont les impôts et la Communauté urbaine de Kribi sont incriminées par les hôteliers. « Nous n'arnaquons pas. Le fait est que nous contrôlons partout où il y'a le commerce. Nous sommes dans notre rôle. C'est la déléguée du Tourisme qui ne comprend rien à son travail », estime le délégué du commerce Minkulu Jean-Pierre, rencontré ce mardi à la préfecture de l’Océan en compagnie du délégué départemental de l'Emploi et de la Formation professionnelle.

Le préfet de l'Océan Antoine Bisaga a été saisi par la déléguée départementale du Tourisme pour régler cette situation qui préoccupe, ainsi que le ministre d'État, ministre du Tourisme et des Loisirs, Bello Bouba Maïgari. Au milieu de toutes ces querelles ce sont des hôteliers et restaurateurs qui paient l'addition. « C'est un problème de manger et de boire. Madame la déléguée sait bien que les employés du tourisme à Kribi logent les gens dans les hôtels sans payer un sou et ils mangent aussi dans des restaurants sans payer. Est-ce autorisé par la loi?

Ces hôteliers le font de bon cœur parce qu'ils bénéficient aussi de la complaisance de leur tutelle. C'est de la corruption. Les autres doivent savoir que quand on est fauché, on ne doit pas utiliser l'administration pour se remplir les poches. Ils risquent leurs postes en agissant ainsi. Cette imposture qui n'honore pas l'administration publique doit cesser rapidement », explique un cadre d'administration à Kribi. Une réunion de mise au point entre les différents protagonistes est prévue dans les prochains jours sous la houlette du préfet de l’Océan.