Dans son rapport présenté le 29 septembre dernier, ADISI-Cameroun estime par ailleurs à 9,15 millions le nombre d’utilisateurs dans le pays, dont 4,3 millions d’actifs sur les réseaux sociaux.
Lorsqu’ils sont sur internet, les Camerounais passent davantage leur temps sur les sites pornographiques (xvideos.com), suivis des sites de jeux d’argent (luckyforbet.com, cm1xbet.com, etc.) et des sites de divertissement comme Youtube.com. C’est ce que révèle le « rapport sur les dynamiques de l’accès à internet au Cameroun », présenté le 29 septembre dernier à Yaoundé par l’Association pour le développement intégré et la solidarité interactive (ADISI-Cameroun), une organisation de la société civile (OSC) et de droit camerounais spécialisée dans la défense des droits humains. L’organisation s’appuie sur une étude d’ALEXA sur le des sites les plus visités au Cameroun en décembre 2020, cités dans le rapport We Are Social et Hoostsuite d’avril 2021. Selon ce classement, le site d’offre d’emploi (jobinfocamer.com) n’arrive qu’en 20e position.
D’un autre point de vue, l’on a également appris au cours de cette présentation que « sur une population de près de 28 millions d’habitants, le Cameroun a un taux de pénétration d’internet de 34%, plus 4% en un an. Ce qui représente 9,15 millions d’internautes camerounais. C’est une évolution de 7,8%, soit 1,3 millions de nouveaux internautes depuis 2020 », révèle le secrétaire exécutif de ADISI-Cameroun, Paul-Joël Kamtchang, reprenant une étude du journal en ligne « Invest in Cameroon » en février 2021. La même étude indique qu’environ 4,3 millions de Camerounais sont actifs sur les réseaux sociaux. « Une progression de « 16,2% » en un an, soit 600 000 (internautes) de plus ».
Entraves
Si l’on constate une « nette amélioration » de l’accès à internet ces dernières années, l’on note cependant plusieurs entraves à ce droit de l’homme. Ces atteintes se rapportent, entre autres, au coût de l’accès à internet qui a augmenté au Cameroun entre 2019 et 2020, selon une étude de Câble. « À titre d’illustration, en 2019, le coût du Gigabit dans le classement africain était de 1,71 dollars US, le Cameroun était classé 7e et en 2020, il était classé 22e avec 2,75 dollars US pour la même quantité de bande passante », précise le rapport présenté par Bernard Sakah, consultant à ADISI-Cameroun.
Par ailleurs, il est à noter que « depuis 10 ans, le revenu moyen des Camerounais est inférieur à un dollar par jour », si l’on en croit le rapport du Pnud de 2020. Outre la barrière liée au coût jugé élevé de la connexion, le droit à internet est également restreint par les services de renseignement. Autrement dit, « de nombreux citoyens sont traqués par les forces de sécurité sur le net à cause de leurs opinions. Il s’agit en l’occurrence des Camerounais de la diaspora, notamment ceux regroupés au sein de ce qu’on appelle « Brigade Anti-sardinard » en abrégé BAS », apprend-on. Dans la même veine, la situation n’est pas plus reluisante en interne où « plusieurs citoyens interpellés par la police sont parfois entendus sur le contenu de leurs post sur les réseaux sociaux ».
C’est fort de ces obstacles, que ADISI-Cameroun a initié son étude dans le cadre du projet intitulé « Améliorer l’accès à internet pour promouvoir et protéger les droits numériques au Cameroun ». Destiné aux administrations publiques, les médias, les chancelleries et les institutions diplomatiques, les OSC (organisations de la société civile, ndlr) et ONG de la région du Centre, ledit projet a comme objectif global de « mettre en exergue les tendances, les défis et les perspectives de la dynamique de l’accès à internet au Cameroun et les droits humains en ligne ».
L’aboutissement de cette recherche a été rendu possible par la participation de « 602 répondants » sur le terrain, précisément dans les villes de « Yaoundé, Douala, Buea, Bamenda, Bafoussam et Maroua, représentant respectivement les régions du Centre, du Littoral, du Sud-Ouest, du Nord-Ouest, de l’Ouest et de l’Extrême-Nord ».
Solutions
Au nombre des défis à l’accessibilité d’internet au Cameroun, les participants mentionnent « les fausses nouvelles (85%), la désinformation (81%), les coupures d’électricité constantes ((81%), les mauvais services internet (80%), la mauvaise infrastructures internet (76%), le coût élevé des forfaits de données/appels (75%), les services d’internet limités (65%), le piratage informatique (62%), les discours de haine (59%), la limitation de la vie privée (55%), la surveillance par l’État et les Fai (48%), l’analphabétisme numérique (38%) et le fossé numérique entre les sexes (28%) ».
En conclusion, outre la défaillance des infrastructures techniques, ADISI-Cameroun attribue certaines entorses à l’accès à internet à la méconnaissance des « cadres juridiques et institutionnels » par la plupart des internautes. En guise de solution, le rapport conclut « qu’il est impératif d’adopter efficacement l’approche multipartite pour gouverner le paysage numérique au Cameroun tout, en se gardant de toute atteinte aux divers droits et libertés tels que la liberté d’expression, l’accès à l’information et l’utilisation de tout média conformément aux instruments nationaux et internationaux ».