A quelques heures du début des examens du probatoire, Zenabou Fouapon, une enseignante au lycée de Mfou explique le maintien au Cameroun de cet examen qui n’existe plus dans le système éducatif de plusieurs pays africains.
Qu’est-ce qui peut expliquer l’anxiété que développent les candidats au probatoire ?
Le probatoire, qui est pourtant un examen comme tous les autres, fait l'objet de beaucoup d'appréhension de la part des parents et même des apprenants. Cette attitude se justifie au moins par deux faits: d'une part, les résultats moins bons au probatoire (par rapport au BEPC et au baccalauréat) et d'autre part, le fait que le diplôme probatoire soit peu sollicité aux différents concours. Le profane, au vu de ces réalités, estime que le probatoire n'a pas sa raison d'être.
D’après votre expérience d’enseignante, quels sont les profils des candidats qui « enterrent » leur parcours scolaire à cause du probatoire ?
L'imagerie populaire a baptisé la classe de 2nde « classe de repos ». Cette réalité est désolante dans la mesure où cette classe d'initiation est déterminante pour le parcours de l'apprenant au second cycle. Pourtant, on observe à ce niveau une désinvolture des apprenants et un relâchement du suivi par les parents qui estiment qu'il n'y a pas d'enjeu car l'enfant n'est pas en classe d'examen. Or, c'est justement en classe de 2nde que les bases devraient être consolidées.
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D'où l'énorme difficulté à s'en sortir en Première et donc à braver le probatoire. En outre, nous invitons les uns et les autres à faire la nette différence entre l'obtention du BEPC et l'entrée en 2nde. Il arrive parfois qu'un candidat obtienne son BEPC sans réussir l’entrée en 2nde et presque tous les parents préfèrent, dans ce cas, forcer le passage de l'enfant en 2nde ; quitte à ce qu'il évolue avec des lacunes. Malheureusement, c'est la classe de Première qui en pâtira et la conséquence sera l'échec au Probatoire.
Dans plusieurs pays ce « tamis » a été levé. Mais les avis restent partagés sur la suppression envisagée au Cameroun. Quel est votre point de vue?
Mon avis sur le débat concernant la suppression du probatoire est que ce n'est pas tant cet examen ou ce diplôme qui fait problème. Le mal est plus profond et réside davantage dans la démotivation des apprenants qui ne voient pas toujours en l'école le chemin sûr pour un lendemain meilleur. Mon avis est que le probatoire n'a point pour essence de bloquer le parcours d'un apprenant.
Il vise simplement à apprécier l'aptitude ou non à passer en classe terminale. C'est une évaluation certificative comme les autres. Supprimer le probatoire ne fera jamais de nos apprenants de meilleurs produits à l'issue du cursus secondaire. Un candidat bien suivi et consciencieux n'a aucune crainte d'affronter le probatoire.