Ce jeudi 30 novembre 2023, cela fait 34 ans que le prédécesseur de Paul Biya est décédé à Dakar, terre d'asile, après avoir fui le Cameroun.
A cette occasion, l'homme politique Aboubakar Ousmane Mey partage l'histoire de sa visite guidée sur la tombe de Ahidjo.
"Le 1er Président du Cameroun s'est éteint le 30/11/89 de suite de longue maladie. Ses restes sont encore au cimetière musulman de Yoff à Dakar. Il a entamé sa 34ème année dans cette tombe où Germaine sa veuve et Babette sa fille, ont récemment occupé le voisinage!", écrit-il.
Il y a 34 ans
C'était des suites d’une crise cardiaque dit-on. Ahmadou Ahidjo quittait ainsi dans le silence et l’indifférence des autorités camerounaises. Mais, dans la dignité. Avec l’affection de sa famille et de quelques rares amis dont Emile Derlin Zinzou, ancien président du Dahomey (actuel Bénin). Dans l’oraison funèbre prononcée par ce dernier et tirées des archives sonores de RFI, certaines phrases méritent d'être revisitées.
"Ahidjo mon ami, mon frère, voici notre dernier rendez-vous, du moins en ce monde, puisque nous sommes croyants. (…) Heureux ceux qui meurent en laissant des traces, un sillon. Les sillons que tu as creusés attesteront longtemps encore aux yeux des générations qui se succèdent, ce que tu fus que nul n’oserait contester : le bâtisseur, le père du Cameroun moderne. A la vérité, tu n’eus qu’une seule et grande passion : le Cameroun.
Nul ne pourra t’interdire d’Histoire et empêcher que celle-ci sereine et impartiale, dise que tu fus de ta patrie et de l’Afrique un grand et digne fils (…) Et le destin n’est point oublieux qui t’a ramené mourir en Afrique et ici (à Dakar). Pour l’authentique Africain que tu étais, c’est une grande consolation (…)”, avait déclaré Emile Derlin Zinzou le jour des obsèques.
Dans une interview accordée il ya de cela quelques années à la chaîne de télévision française France 24, Paul Biya , le chef de l'Etat camerounais abordait la question relative à la dépouille de son prédécesseur restée à Dakar depuis sa disparition le 30 novembre 1989. “ J’ai cru comprendre qu’il y avait un problème pour ce qui est de l’ancien président (…) Oui. Il y a eu des événements malheureux sur lesquels je ne reviendrai pas, en 1984, et l’Assemblée nationale, sur ma proposition, a voté une loi d’amnistie. Ceux qui ont vécu ces tristes événements ont retrouvé leurs droits, il y en a même qui sont au gouvernement. Le problème du rapatriement de la dépouille de l’ancien président est, selon moi, un problème d’ordre familial (…) ”.
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique Economie (N° 169, juillet 1993), l’ex première dame et veuve de Ahmadou Ahidjo faisait des précisions qui restent d’actualité sur cette question. Germaine Habiba Ahidjo indiquait que: “ Je tiens à rappeler qu’Ahidjo était un chef d’Etat. Il n’appartient pas qu’à sa famille. Il appartient en premier lieu au peuple camerounais. Il n’est pas un simple citoyen. Il a été président de la République dans son pays, et il a été enterré ici (ndlr, à Dakar) par un président de la République (ndlr, Abdou Diouf). (…) Tout ce que je peux dire, c’est que l’on a fait en sorte que si un jour il devait rentrer au Cameroun, ce soit possible, dans le respect des rites de notre religion. Le reste ne m’appartient pas ”, avait-elle déclaré.
"La dépouille de l’ancien président camerounais Ahmadou Ahidjo mort et enterré au cimetière de Yoff à Dakar le 30 novembre 1989 sera rapatriée dans son pays en mars 2011 " titraient en 2011 quelques journaux camerounais . Selon ces sources, Cette décision avait été prise d’un commun accord entre les autorités sénégalaises et camerounaises. Jusqu'à ce jour, rien n'a été fait.