Des dénonciations de victimes sont de plus en plus récurrentes sur les réseaux sociaux.
Le phénomène n’est pas nouveau en soi. C’est la récurrence des dénonciations sur les réseaux sociaux ces derniers jours qui indique une certaine recrudescence. Alors qu’elle se rend à son lieu de service, il y a quelques jours à Yaoundé, Denise N. propose 400 F au chauffeur de taxi pour une distance qui vaut nettement 250 F, le tarif normal. A l’arrivée, elle donne 2000 F au taximan qu’elle trouve « plutôt sympa » tout au long du trajet. La chauffeur sympa ne va pas se gêner pour lui remettre un faux billet de 1000 F qu’il a bien pris la peine de recouvrir du billet de 500 F et d’une pièce de 100F.
La victime ne s’en rendra compte que des heures plus tard. Elle le gardera par devers elle pendant un moment, avant de s’en débarrasser. Une autre victime ne se fera pas cette violence. Il a tout de suite brûlé les siens (quatre billets de 1000 F), remboursés par un conducteur de taxi dans la nuit de vendredi à samedi dans la ville de Douala. Sortons de ces plaintes du virtuel. Un tour sur le terrain pour mesurer l’ampleur du phénomène.
Au banc des accusés, les conducteurs de taxis et les commerçants. Ils feraient le plus de victimes. « Il y a quelques jours, mon collègue a eu un faux billet de 2000 F. C’est le soir en faisant des comptes qu’il s’en est rendu compte », confie un pompiste d’une station située au Carrefour Mvog-Atangana Mballa à Yaoundé. Pour son collègue d’une autre station située au carrefour Coron, les taximens impliqués multiplient des stratégies pour écouler leurs faux billets.
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« Quand ils arrivent, ils jouent les pressés. Ils insèrent des faux billets dans la pile de billets qu’ils vous remettent, et si vous n’êtes pas vigilant, tant pis pour vous », explique ce pompiste. Désormais, il prend son temps pour compter et vérifier billet après billet avant de libérer un client, « peu importe la file de voitures en attente ».
De leur côté, des conducteurs de taxi tout comme les commerçants rencontrés disent être aussi des victimes. « Dernièrement, un monsieur vient, il dit qu’il veut un poisson, mais il a un billet de 10 000 F. Je lui dis dans un premier temps que je n’ai pas de monnaie. Il me demande d’emballer le poisson puis de lui donner d’abord 5000F ; il viendra récupérer le reste après. Quand je prends donc son billet, je m’aperçois qu’il est faux.
Quand je le lui ai dit, j’ai bien perçu dans son attitude qu’il voulait me flouer », raconte Bertille Nwaha, vendeuse de poisson non loin du commissariat Nkolndongo. Dans les grandes surfaces et banques, etc, le problème ne se pose pas vraiment. « Ils savent qu’ici nous avons des détecteurs de faux billets. Ils ne viennent pas donc nous tenter. Quand cela arrive, c’est que le client lui-même n’est pas au courant qu’il a en sa possession un faux billet », révèle une caissière dans un supermarché de la ville. Dans ce jeu où tout le monde se renvoie la faute, le maître mot reste la vigilance.