Infos Business of Saturday, 17 October 2015

Source: Le Jour

Yaoundé : La Communauté urbaine peine à convaincre les commerçants

A la vue d’une cliente, Solange, propriétaire d’un prêt-à-porter au lieu-dit carrefour « Meec », du quartier Etetak de Yaoundé, est toute excitée. En cette matinée de lundi, rares sont les personnes qui s’arrêtent à l’entrée de sa boutique. Une journée de plus sans engouement pour la commerçante. Des jours comme ceux-là, elle y est déjà habituée.

Depuis deux ans que sa grande soeur a décidé de s’installer à cet endroit, l’étudiante lui donne un coup de main. Elle y passe la plupart de ses journées et essaye de vendre les vêtements que sa soeur ramène de l’étranger.

Depuis l’ouverture de l’établissement, elle compte sur le bout des doigts les jours où les clients se sont bousculés au comptoir. « La majorité de nos clients vient de loin. Et, c’est grâce à la bonne qualité de nos articles qu’ils reviennent à chaque fois.

Sinon, la plupart des gens se plaignent de la distance qu’il y a à parcourir pour arriver ici », explique Solange. Autour du prêt-à-porter, prèsd’une centaine de magasins sont prêts à être occupés. Si quelques-uns ont trouvé preneurs, la grande partie est encore scellée. Les stores sont baissés et les cadenas sont déjà pleins de poussière.

Selon un ingénieur du centre de formation de conduite de gros engins installé non-loin, « les gens sont intéressés, mais, les prix et le site les découragent ». En plus de cela, rajoute une propriétaire de magasin, des « personnes haut placées ont déjà acheté plusieurs magasins, pour les louer à des particuliers.

Ce qui revient plus cher. Or, ce genre d’initiative devrait profiter aux commerçants peu fortunés ». Autre hic, dans la zone, les riverains étaient coutumiers des agressions et autres attaques. Jusqu’à l’installation récente d’une dizaine de lampadaires tout au long de la rue et d’un poste de gendarmerie.

Emménagé par la Communauté urbaine de Yaoundé, l’espace est dédié au commerce et toute autre activité rentable. A l’image des précédents espaces du genre dans la ville (montée pharmacie du Soleil, hôtel de ville, Bois Ste Anastasie), l’endroit comporte un lieu de restauration et plusieurs commerces. Avec la même architecture, les mêmes matériaux et les mêmes dimensions. Seulement, depuis que ce « centre commercial» est disponible, l’activité n’y est pas encore considérable.

A quelque deux semaines de la cérémonie officielle d’inauguration du nouveau centre commercial, on y trouve une pharmacie, une boulangerie, un secrétariat, un cybercafé, des instituts de beauté, des salons de coiffure, une mercerie, un poste de gendarmerie, des parfumeries, et plusieurs prêt-à-porter.

D’un tout autre genre, une filiale spécialisée en pneus et autre accessoires automobiles s’y est installée, l’association des artistes handicapés, et un pressing. A l’approche du centre commercial, la voie est libre, il n’y a que très peu de bruits. Seuls les véhicules et quelques piétons font office de distraction dans le coin.

Le propriétaire d’un de ces magasins affirme que les activités y sont au ralenti : « nous ne sommes pas autant sollicités que nos semblables installés au centre-ville. N’eût été mon investissement, je serai déjà sûrement parti d’ici », avoue le monsieur. Plus loin encore, une riveraine avoue ne s’être jamais intéressée aux articles vendus dans les magasins de « Tsimi Evouna ». De son avis, le loyer doit être trop coûteux pour que les vendeurs proposent des articlesaux mêmes prix qu’au marché voisin.