En raison de la présence de la première dame vendredi dernier à Ngousso pour l’inauguration du Chracerh, les morgues des hôpitaux Gyneco et Général ont été contraintes à une cessation d’activité.
Le quartier Ngousso, situé au nord de Yaoundé la capitale camerounaise, expose avec fière allure ses truculents édifices hospitaliers qui viennent de s’enrichir, outre l’hôpital général et l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique, du Centre hospitalier de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (Chracerh), inauguré vendredi dernier par Chantal Biya, la première dame camerounaise. Les trois infrastructures se jouxtent à perte de vue, et les deux anciennes ont quelque peu subi les affres dues à l’inauguration de la nouvelle trouvaille par l’épouse du Chef de l’Etat. Les morgues de ces deux hôpitaux ont travaillé le 6 mai dernier au ralenti dans un rythme inhabituel en raison de la présence de Chantal Biya dans les parages.
Il est un peu plus de 10h30mn. Au volant de sa voiture, une dame de noir vêtue, ayant réussi à braver les barrières de police et à échapper à la méticulosité des éléments de la Garde présidentielle, se précipite la main coincée sur le klaxon vers le portail de la morgue de l’hôpital général. L’accès lui est interdit par le vigile en faction à cet endroit.
«On a arrêté de lever les corps. On ne va reprendre qu’à 14h, après la cérémonie de la première dame», lance l’agent de sécurité à la dame. Visiblement déconcertée par cette information, elle entrevoit difficilement de rebrousser chemin, et obtient néanmoins du vigile d’entrer se garer dans le parking de la morgue. Le temps de cette cérémonie, l’agent de sécurité prend congé des visiteurs du jour venus assister aux mises en bière dans l’enceinte de cet hôpital. Ceux-ci sont contraints de faire le pied de grue à l’entrée de la morgue, et d’assister des abords de la route au passage éclair de l’importante hôte du Chracerh. Chantal Biya arrive au lieu de la cérémonie à 12h25mn, et la sécurité devient plus austère.
L’entrée principale de l’hôpital qui donne directement aux urgences est investie par les éléments de la Garde présidentielle. Armes aux poings, ils se sont substitués aux vigiles, terrés à la guérite, et c’est désormais eux qui filtrent les entrées. Pour accéder dans l’enceinte de cet établissement hospitalier, tout le monde est tenu de présenter patte blanche et se soumettre à une fouille systématique à l’aide des détecteurs de métaux. Et il en sera ainsi jusqu’à la fin de la cérémonie d’à côté, même pour les malades qui sollicitent des soins.
A l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique cependant, les habitudes n’ont pas été bousculées tant que ça. L’accès se fait comme d’habitude selon les horaires dédiées aux visites. La morgue est accessible mais, le débrayage est aussi perceptible ici que chez le voisin de l’hôpital général. La place est quelque peu déserte et ne connait pas l’affluence de ses «vendredis» habituels.
Néanmoins, des groupuscules de personnes sont assis par endroits au hall d’attente, et devisent discrètement en attendant la fin de la visite de la première dame, pour enfin disposer des corps de leurs proches disparus.
C’est finalement dans les encablures de 15h que Chantal Biya achèvera sa visite dans le coin, pour permettre à la vie de reprendre son cours normal. Les commerces peuvent reprendre, l’activité des automobilistes aussi car, la circulation coupée pendant plusieurs heures sur plus de trois kilomètres de route entre la «Texaco Omnisports» et le lieu dit «Carrefour sorcier» est enfin rétablie.