Actualités of Wednesday, 23 March 2016

Source: camersenat.info

Yaoundé : Le visage de la pauvreté

Une femme pauvre Une femme pauvre

Portrait d’une famille vivant dans la précarité au cœur de la capitale politique.

C’est une odeur nauséabonde qui accueille lorsqu’on arpente l’entrée du domicile de Ghislaine Tchankeu au quartier TsingaElobi à Yaoundé. Assise devant son domicile, la femme de 40 ans ne semble pourtant pas affectée par cette émanation. Elle a le regard fixé sur sa marchandise, principale source de revenue de la maisonnée. « C’est ce qui nous permet de vivre…C’est à peine si je réussi à vendre 2000 F.Cfa par jour », lance la commerçante, en pointant du doigt la table où sont installés des petits seaux contenants des arachides, du sel, du tapioca et quelques friandises.

Autour d’elle, 5 enfants jouent non loin d’une rigole dans laquelle a stagné de l’eau salle et des ordures de tout genre.

A l’intérieur de la petite maison visiblement délabrée, d’autres enfants, assis dans de vieux fauteuils, visionnent sur le petit écran installé en face d’eux.

D’ après la mère d’enfants, ils sont au total 15 personnes à vivre sous ce toit. Le dernier né est âgé de huit mois. « J’habite là-dedans avec mon époux, ses parents, ses deux sœurs et leurs enfants ; et un de nos enfants », confie-t-elle. Comment réussie-t-elle à nourrir ce monde avec si peu de moyen ?

« Mon mari est frigoriste. On se nourri avec le peu d’argent qu’on réussit à gagner. Le jour qu’il n’y a rien, on reste affamé », explique la quadragénaire sans gêne. Elle dit être habituée à ce rythme de vie qu’elle partage avec la plupart des habitants du quartier Tsinga Elobi.

« Nous sommes habitués à cette misère. Nous sommes comme oubliés du gouvernement. Les gens pensent à nous uniquement lorsqu’ils ont besoin d’être élu. Une fois qu’ils le sont, ils nous considèrent comme des moins que rien », s’insurge Ghislaine. Elle fait savoir que la plus grosse difficulté à présent est celle causée par la saison pluvieuse.

« La pluie dans ce quartier est considérée comme de la peste. Le pont d’Obala est cassé depuis plus de 5ans, ce qui fait que lorsqu’il pleut, tous les eaux se déversent dans les habitations ceci avec tout ce qu’elles transportent comme saletés.

Le pire est que la plupart des habitants en profitent pour vider leurs fausses septiques ce qui rend le coin invivable. Certaines personnes préfèrent déménager le temps que la saison pluvieuse finisse. Mais nous, si nous quittons d’ici c’est pour aller où ? Cette maison est tout ce qui nous reste comme habitation sur cette terre.

Nous sommes obligés de rester et de subir les conséquents », informe dame Tchankeu et d’ajouter : «Chaque matin, nous sommes obligés de porter les enfants sur la tête pour les conduire à l’école. Malgré cela, ils tombent malade tout le temps. Je ne sais pas jusqu’à quand nous allons supporter cette situation. Vivement que les autorités nous viennent en aide ».