Actualités of Tuesday, 5 July 2022

Source: www.camerounweb.com

Yaoundé : Des malvoyants déportés pour avoir manifesté devant le Premier Ministre Joseph Dion Ngute

Il s'agit d'un ensemble de non-voyants qui ont décidé de descendre dans la rue pour se faire entendr Il s'agit d'un ensemble de non-voyants qui ont décidé de descendre dans la rue pour se faire entendr

La semaine dernière, dans un extrait vidéo de 36 secondes parvenu à la rédaction de camerounweb.com, on aperçoit de nombreux non-voyants enfermés dans une cellule en train de dénoncer leur condition de vie. Il s'agit d'un ensemble de non-voyants qui ont décidé de descendre dans la rue pour se faire entendre. Ils ont été arrêtés par la police ce matin en face de l'hôtel Hilton à Yaoundé alors qu'ils se dirigeaient vers les services du Premier Ministère pour faire un sit-in.

<< Ce lundi 27 juillet 2022, la communauté des personnes vivant avec un handicap, plus précisément les non-voyants sont sortis pour la revendication de leurs droits. Actuellement nous sommes enfermés au commissariat central numéro de Yaoundè. Nous ne sommes pas seuls, les autres sont de l'autre côté et les autres en débandade dans la ville. Ce que nous souhaitons c'est que vous sachez quelle est notre condition actuellement. Nous voulons le travail! Nous voulons le travail ! Nous voulons le travail ! >> . Scandent des handicapés non voyants détenus dans les geôles du commissariat central Nº1 de Yaoundé dans une vidéo parvenue à notre rédaction.

Dans la journée du 28 juin 2022, il y a eu un rebondissement dans le cadre de la manifestation pacifique des malvoyants. Vingt de ces personnes handicapées sont revenues pour protester devant les services du Premier ministre à Yaoundé. Les malvoyants ont été interpellés par les policiers, puis conduits dans le département de la Mefou et Afamba, où elles ont été abandonnées. Cette stratégie de la police vise à éviter les séries de manifestations pacifiques que projettent ces personnes vulnérables pour exiger un bon cadre de vie. « Nous avons été abandonnés dans une localité rurale sans mettre à notre disposition des moyens pour rentrer chez nous. Malgré notre handicap nous avons réussi à braver ces difficultés », explique un manifestant.

Patrick Bevolo, l’une des victimes de la répression et porte-parole des manifestants, explique : « Nous nous sommes retrouvés au rond-point Hilton aux environs de 6 h du matin. Nous étions munis de pancartes pour notre sit-in. Les policiers sont arrivés dans des pick-up et se sont mis à nous violenter. Ils nous ont embarqués de force et nous ont conduits au commissariat central N 1. Des heures plus tard, nous avons été appelés dans le bureau du directeur. Nous avons eu plusieurs réunions avec des responsables du ministère des Affaires sociales au sujet de nos revendications. La seule chose que nous avons obtenue du Minas c’est la dispense d’âge. Nous avons compris qu’il fallait aller à la Primature exprimer notre mal-être. Nous sommes marginalisés. Nous voulions à travers notre marche pacifique transmettre un message fort non seulement à la communauté nationale mais aussi internationale ».

D'après 237online, les revendications des manifestants sont entre autres : le recrutement immédiat de nos trois candidats au concours des journalistes pour l’intégration directe à la Fonction publique, l’institution d’un fonds spécial visant à financer les micro-projets des personnes handicapées, l’organisation d’un recrutement spécial d’entrée à la Fonction publique réservée exclusivement aux personnes handicapées en tenant compte des différents types de handicap. Ils revendiquent également l’institution d’un quota d’embauche de 10% comme le prévoit la réglementation en vigueur pour les personnes handicapées lors des concours et recrutements de la fonction publique et du privé, et la mise sur pied d’une pension d’invalidité.

Michel Fozeu, président de la Dynamique des aveugles et malvoyants intellectuels du Cameroun (Damic), affirme que le sit-in observé ces deux derniers jours est justifié par le fait que les malvoyants ont l’impression d’être abandonnés par le gouvernement : « Depuis que nous avons manifesté, le gouvernement ne veut pas nous tendre la main pour discuter de nos doléances. Nous dénonçons avec la plus ferme énergie la marginalisation des malvoyants dans notre pays », s’insurge Michel Fozeu.