Les serrures enlevées des portes, certains documents emportés. Ce climat est la conséquence d’une bataille de succession au poste de président de ce groupement professionnel. Les serrures sont invisibles sur la porte principale du siège de l’Ordre national des architectes du Cameroun. Les documents rangés dans les coffres sont éparpillés à même le sol. Ce bâtiment situé en face du cimetière au quartier Ngousso est au centre d’une bataille entre deux personnalités qui se réclament président de l’Ordre national des architectes du Cameroun.
La bataille pour le contrôle de ce poste est en cours depuis le 23 septembre 2023, date de la dernière Assemblée générale élective du bureau du Conseil de l’Ordre national des architectes du Cameroun. Louis Désiré Awono, le président déclaré vaincu lors des élections, continue d’occuper le siège de l’Ordre tout en évoquant les irrégularités observées lors des élections.
Il accuse son concurrent Jean Christophe Ndongo d’avoir perpétré les violences au siège de l’Ordre national des architectes du Cameroun en violation de la loi. Les cachets du président, ainsi que la caisse de fonctionnement qui se trouvait dans les bureaux du président ont été emportés.
L’ancien président de l’Ordre affirme avoir saisi la chambre administrative de la Cour suprême à travers une plainte pour solliciter l’annulation du processus électoral ayant conduit au vote de Jean Christophe Ndongo comme nouveau président de l’Ordre national des architectes du Cameroun. Alors que la Chambre administrative de la Cour suprême n’a pas encore vidé ce contentieux post électoral, Désiré Awono accuse son rival d’avoir sollicité les gros bras pour commettre les actes de vandalisme au siège dans les locaux du siège de l’Ordre national des architectes du Cameroun.
Le greffier en chef a envoyé un sursis à exécution après élection, mais ce sursis du greffier en chef a été outrepassé car le président de l’Assemblée générale a organisé de manière illégale l’installation du nouveau bureau. « Nos textes prévoient que c’est le président sortant qui convoque le Conseil de passation de service. Il dispose d’un délai de 15 jours après élection pour le faire. Lorsque ce Conseil de passation de service est convoqué, c’est le président de l’Assemblée générale qui vient présider la passation de service. Le problème est que la chambre administrative n’ayant pas encore vidé le contentieux post-électoral, le nouveau bureau n’a pas droit d’agir au nom de l’Ordre national des architectes », explique Louis Désiré Awono.
Les irrégularités dénoncées par Louis Désiré Awono sont liées au fait que celui qui dirigeait le vote comme président du bureau est un architecte non inscrit au tableau de l’Ordre depuis 2022 pour non-paiement de ses cotisations. Comme autres irrégularités, les isoloirs sollicités à Elecam n’ont pas été utilisés lors du processus électoral violant ainsi le principe du secret de vote. Les procurations de certains votants n’étaient pas conformes. Jean Christophe Ndongo président du Conseil de l’Ordre des architectes élu le 23 septembre dernier dénonce la volonté de l’ancien président de vouloir confisquer le fonctionnement de l’Ordre national des architectes alors qu’il n’a plus qualité.
« Je suis allé au siège de l’Ordre avec cinq architectes et un huissier de justice pour prendre le contrôle de ce siège parce que l’ancien président n’a plus qualité de parler au nom de l’Ordre comme président de Conseil. Nous avons agi selon les textes de notre ordre. Nous voulons travailler car un seul membre qui conteste les élections n’a pas qualité de bloquer le fonctionnement de l’Ordre. Contester les élections n’est pas synonyme de la suspension du bureau élu comme il le laisse croire », affirme Jean Christophe Ndongo.
Et de poursuivre : « Nos textes donnent la possibilité à trois entités de procéder à l’installation d’un nouveau bureau. Ces entités sont le ministère de l’Habitat et du Développement urbain qui est notre tutelle, le président de l’Assemblée générale ainsi que cinq membres du Conseil de l’Ordre. J’ai été installé le 5 octobre 2023 selon la loi. Nous sommes surpris de voir l’ancien président se maintenir à ce poste alors qu’il m’avait félicité et avait annoncé le 24 septembre 2023 dans nos différents foras qu’il n’avait pas réussi à briguer un troisième mandat ».
Une sommation de cessation de trouble a été servie à l'équipe qui continue d'occuper les locaux de l’ordre. Le 17 octobre dernier un huissier de justice s'est rendu au siège de l'Onac et un procès-verbal signé par l'huissier de justice a été établi.