Actualités of Wednesday, 15 January 2025

Source: Le jour n°4319 du 14 janvier 2025

Yaoundé : le maire prend une décision impopulaire

Un cas qui pose problème Un cas qui pose problème

La vente des marchandises dans les brouettes sera interdite dans les rues dès le 20 janvier 2025. Les opérateurs du secteur informel dénoncent une opération qui vise à les appauvrir.

Richard Tong est marié et père de trois enfants. Ce quadragénaire est installé depuis cinq ans en face de Niki marché central à Yaoundé, où il vend de lundi à samedi des jus glacés au bord de la route. Ce 13 janvier 2025, il est comme d’habitude à son lieu de travail avec un porte tout chargé de deux glacières remplies de jus en bouteilles plastiques. Ce début de semaine, il est perturbé par une note signée par le maire de la ville de Yaoundé, qui annonce dès le 20 janvier 2025, une chasse à tous les commerçants ambulants qui occupent les trottoirs de plusieurs marchés dans la ville de Yaoundé. « Je suis un bachelier. J’ai fait des concours dans la fonction publique. Je n’ai pas pu trouver un emploi décent. J’ai décidé de me lancer dans le petit commerce depuis cinq ans pour subvenir aux besoins de ma famille. J’ai un enfant à l’université et deux autres à l’école primaire. Je paie leur pension grâce à la vente des jus. Mon épouse ne travaille pas. Si on m’interdit de vendre en route je ne sais pas comment je vais faire pour nourrir ma petite famille en ces périodes de vie chère », se lamente Richard Tong.

Dans le communiqué signé ce 10 janvier 2025, le maire de la ville de Yaoundé informe les commerçants, les vendeurs à la sauvette qu’à compter du 20 janvier 2025, la vente des marchandises dans les brouettes, les porte-tout, les étals portables, est strictement interdite dans les rues, les trottoirs et autres emprises de la voie publique. Les zones de Mokolo, Messa, Elig-Effa, carrefour Meec, carrefour Nkolbisson, Marché Etoudi, Marché Ekounou, Marché Essos, Terminus Mimboman, Marché Nsam et le marché Central sont concernées par cette interdiction du maire de la ville.

Jacques Leubeu, opérateur du secteur informel estime que ce communiqué du maire de la ville de Yaoundé constitue une menace pour des milliers de Camerounais contraints à la débrouillardise : « Nous sommes conscients du fait que dans les grandes agglomérations, les marchés doivent être construits dans le but de veiller à la fluidité de la circulation routière. Mais le problème qui se pose est que nous avons des milliers des jeunes qui sont obligés de débrouiller pour pouvoir satisfaire leurs besoins, raisons pour laquelle ces jeunes se sont lancés dans les activités commerciales. Il n’est pas normal aujourd’hui qu’on leur demande de quitter les trottoirs sans leur donner les sites de recasement. Le maire de Yaoundé veut résoudre en problème en créant d’autres problèmes », explique cet opérateur du secteur informel. Les autorités municipales estiment que cette mesure du maire de la ville vient à point nommé pour assurer la fluidité de la circulation dans certains centres commerciaux et aussi à lutter contre le phénomène du vol à l’arraché que subissent au quotidien les populations de la ville de Yaoundé.

Certains commerçants craignent que la récente sortie du maire de la ville donne plus d’« autorité » aux agents de la police municipale qui vont multiplier dès le 20 janvier les opérations d’arnaque vis-à-vis des vendeurs. Les opérateurs du secteur informel souhaitent que cette décision du maire soit revue pour éviter les troubles en ces périodes où les populations dénoncent la vie chère. Après l’interdiction de la circulation des motos taxis au centre de la ville, une mesure difficile à être appliquée, voici venu le tour des commerçants.