Les populations et les commerçants du marché Essos espèrent que cet écroulement suscitera l’intervention des autorités compétentes.
Le visage que présentait le pont du marché d’Essos hier fait craindre son affaissement prochain. De « nids d’éléphants » le jonchent. La circulation des eaux est devenue impossible. Les tonnes de déchets ont bouché l’égout métallique qui servait à leur écoulement. L’ouvrage s’est enfoncé. Résident du quartier Essos depuis bientôt cinq ans, Thierry Onana n’est pas surpris de l’état de décrépitude de ce pont.
« C’est vraiment triste de voir les autorités ignorer cette route qui dessert pourtant les grands quartiers de la ville de Yaoundé. C’est depuis plusieurs années que nos cris sont ignorés. De la paroisse de l’Eec d’Essos jusqu’à ce pont, la route est hideuse » dit-il dépité. Comment expliquer cette négligence notoire ? Les commerçants ne se contentent pas de se poser cette question. Ils se sont constitués en groupe afin de dégager les déchets qui bloquent l’écoulement des eaux. « Nous cotisons 200 fcfa parfois 500 fcfa afin de faire déboucher l’égout. C’est vraiment pénible. Ce sont nos différentes actions qui maintiennent encore ce pont. Notre vœu le plus cher maintenant, est de voir ce pont se couper définitivement. Si ce pont s’affaisse, les autorités réagiront » espère Blaise Oum, moto taximan.
Certains chauffeurs de taxi ont pris la résolution d’éviter cet axe. Avec le pont et la qualité de la route peu commode, les véhicules risquent gros, laisse entendre Brice Djou. « Je suis chauffeur de taxi depuis 10 ans à Yaoundé. Ce pont n’était pas comme cela. La commune a négligé cet axe. Quand il pleut, les eaux se retrouvent sur la chaussée. Cette rend donc la route impraticable et défigure le pont. Je ne passe plus par là. J’ai encore besoin de ma voiture » confie-t-il. Le mauvais état du pont met également en danger des vies humaines. Les odeurs nauséabondes qui se dégagent des ordures et des eaux stagnantes sont à l’origine de certaines maladies l’instar du paludisme.
Cette situation inconfortable n’empêche pourtant pas le commerce de se faire tout autour. Le poisson à la braise, les arachides grillées et bien d’autres commerces prospèrent dans cet environnement. Les populations disent ne pas avoir le choix. « Je vends de l’eau glacée ici. Je n’ai pas eu un endroit approprié pour me débrouiller. On est fatigué d’interpeller la mairie sur l’état de ce pont » se résigne Carole Ndam. Elle va par ailleurs inviter les pouvoirs publics à atténuer leurs souffrances.
« Nous souffrons au quotidien. Il faut vraiment que l’Etat prenne ses responsabilités et refasse ce pont ». Si cette situation permet à certains commerçants et moto taximen parviennent à tirer leur épingle du jeu, d’autres par contre, broient du noir. C’est le cas de Thierry Nnem, tenancier d’un bar. « Les activités tournent au ralenti. Il suffit d’une petite pluie pour qu’il y ait inondation ici. Ce pont est vraiment notre malheur ».
Quoi qu’en disent les uns et les autres, l’affaissement du pont, coupera la route en deux.