Actualités of Thursday, 24 May 2018

Source: journalducameroun.com

Yaoundé: une jeune centrafricaine portée disparue depuis 2016

Dans un quartier de Yaoundéé Dans un quartier de Yaoundéé

Eliana, ressortissante centrafricaine, s’était retrouvée dans la rue à Yaoundé. Elle y a été trouvée par une activiste des droits de l’Homme qui se souvient amèrement de la façon dont elle a été éconduite au Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr).

Corinne Ndoung garde un souvenir du jour où elle a trouvé Eliana, une réfugiée centrafricaine, en 2016 dans la rue au quartier Odza, à Yaoundé. Elle se souvient aussi des événements qui ont suivi cette rencontre fortuite. Elle décrit une jeune fille, 25 ans environ, vêtue d’une longue jupe noire et d’un tee-shirt bleu, portant des rastas de couleurs noire et bleue. Rien n’aurait alors attiré l’attention de Corinne Ndoung si elle n’avait constaté que la jeune femme avait les pieds nus.
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Assise à même le sol, la jeune fille se parlait à elle-même et cela a intrigué des passants qui se sont attroupés autour d’elle. A son tour, l’activiste des droits humains s’approche et interroge l’inconnue sur son identité. Pour toute réponse, la jeune fille sort sa carte de réfugiée d’un emballage en plastique qu’elle tient à la main. « Elle a demandé qu’on la conduise au Hcr [Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Ndlr]. Elle était émaciée, semblait fatiguée et ressemblait à une personne qui avait beaucoup marcher», raconte Corinne Ndoung.

Des commerçantes offrent des boissons à Eliana qui en boit goulûment, Corinne Ndoung la ramène chez elle et lui offre deux paires de chaussures. Ensemble, elles se rendent au siège de la représentation du Hcr au Cameroun. Sur la place, des vigiles reconnaissent Eliana. « L’un des gardiens qui s’adressait à son collègue a dit qu’Eliana y était déjà venue plusieurs fois. Et là, grande a été ma surprise. Eliana qui était restée silencieuse durant tout le trajet s’est mise à parler. Elle m’a d’ailleurs remis les deux paires de chaussures que je lui avais donné. Nous avons été reçus par les responsables qui ont procédé à l’audition d’Eliana. Elle a déclaré qu’elle ne se sentait en sécurité nulle part et donc qu’elle préférait marcher, là où la nuit la trouve elle cherche un coin pour dormir», rapporte l’activiste des droits de l’Homme.
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« A la fin de l’entretien, les responsables du Hcr m’on demandé de la conduire à Elig-Essono. Ils y ont un centre d’accueil. Nous y sommes allés et on a trouvé l’infirmière qui a commencé à poser des questions à Eliana. Au fil de la conversation elle a compris qu’ Eliana n’était pas stable mentalement. Et là, Eliana a sorti un vieux carnet qui attestait qu’elle avait déjà été interné dans un hôpital psychiatrique à Bangui (Centrafrique). L’infirmière a dit que le lieu n’est pas indiqué pour la garder», ajoute Corinne Ndoung.

Aucune trace d’Eliana

Corinne Ndoung est la présidente de l’association Fafed, une organisation qui œuvre à l’assistance des femmes violentées. Elle affirme avoir fait jouer ses relations pour lui trouver un abri. Hélas, en vain. Elle appelle alors un responsable de l’un des centres d’accueil du ministère de la Promotion de la femme et de la famille, qui lui explique qu’il lui est impossible d’accueillir Eliana vu l’heure (plus de 18h). Les consignes de leurs administrations sont claires: les portes doivent être fermées dès 18h pour plus de sécurité.


Corinne Ndoung fait alors appel au représentant de la communauté centrafricaine au Cameroun. Une rencontre a lieu et elle confie Eliana à celui-ci. De retour chez elle, il fait déjà nuit, elle reçoit un appel de ce monsieur qui lui dit qu’il est en route pour Odza. Il souhaite ramener Eliana.

Seulement, depuis ce jour, elle n’a jamais revu Eliana. « Un jour je me suis rendue dans la communauté des Centrafricains pour avoir des nouvelles de cette jeune fille. Il y avait un tableau sur lequel étaient affichées les photos des réfugiés que l’on recherchait. La photo d’Eliana y était. On l’avait perdue. Je continue à en vouloir au Hcr parce que j’estime qu’ils avaient les moyens de prendre cette petite en charge. Ils ne l’ont pas fait. Aujourd’hui ne nous ne savons pas ce qui lui est arrivé, ou même si elle est encore en vie. Personne ne l’a revue« . C’est ce ressentiment qui a sans doute poussé Corinne Ndoung à évoquer cette histoire lors d’un séminaire de formation de la société civile sur les risques d’apatridie que le Hcr a organisé les 16 et 17 mai à Yaoundé.