En Gambie, les esprits s'échauffent quelques jours après le démarrage de la campagne électorale.
Le président Adama Barrow, candidat à sa réélection, accuse Mama Kandeh, l'un de ses rivaux dans cette élection, d'inviter l'ancien président en exil, Yahya Jammeh, à s'immiscer dans la campagne pour semer le trouble dans le pays.
Yaya Jammeh dans la campagne
En exil en Guinée équatoriale depuis 2017, l'ancien président de Gambie Yaya Jammeh est l'absent le plus présent dans la campagne électorale en cours dans son pays.Ce qui irrite son successeur Adama Barrow, dont l'alliance programmée avec Yaya Jammeh a volé en éclat, deux semaines avant le dépôt officiel des candidatures.
Désormais allié à Mama Kandeh, l'opposant le plus virulent au régime du président Adama Barrow ces cinq dernières années, Yaya Jammeh intervient régulièrement par téléphone dans les rassemblements publics de ce dernier pour dire tout le mal qu'il pense de l'administration Barrow.
Les attaques de l'ancien président occupent toujours la Une d'une partie importante de la presse locale et anime les discussions des Gambiens sur les réseaux sociaux, ravissant ainsi la vedette à Mama Kandeh et Adama Barrow.
Mise en garde de Barrow
Visiblement exaspéré par la situation, le président Adama Barrow s'en est plaint avant de menacer Mama Kandeh lors d'un meeting à Basse fief natal d'Adama Barrow et de Mama Kandé, qui habitent la même circonscription électorale de Jimara.''je mets en garde Mama Kandeh. Nous voulons la paix dans ce pays, Yaya Jammeh vit en exil. Son exil lui enlève le droit de participer à la politique gambienne, l'expression de Yaya Jammeh sur les plateformes politiques de Kandeh peut provoquer des conflits dans ce pays. Je le mets en garde sérieusement et je demande à la Commission électorale de mettre en demeure Mama Kandeh'' a-t-il lancé.
La réponse de Mama Kandeh
La réponse de Mama Kandeh n'a pas tardé. En meeting électoral dans la région nord du pays, il s'est dit étonné que le président Barrow soit offusqué par les interventions de Yaya Jammeh.'' Je ne savais pas que Adama Barrow était devenu un roi au lieu d'être président de la République de Gambie, le président de Gambie et le président de tout le monde. Il ne doit pas menacer les citoyens parce qu'ils disent ce qui ne lui plaît pas. Demain, la situation de Yaya Jammeh pourrait bien être celle d'Adama Barrow'' a rétorqué l'opposant.
Ce coup de colère de Barrow est signe de la tension palpable au fur et à mesure des joutes verbales par meetings interposés entre candidats.
Mardi 16, la Commission nationale des droits de l'homme de Gambie a sorti un communiqué pour demander aux six candidats de faire preuve de retenue afin que l'élection présidentielle soit pacifique, transparente et crédible.
Le président gambien Adama Barrow fera face à cinq adversaires lors de l'élection du 4 décembre, le premier scrutin en 27 ans auquel ne participera pas l'ancien dirigeant en exil Yahya Jammeh, qui a quitté le pays pour s'installer en Guinée équatoriale après avoir refusé d'accepter sa défaite il y a cinq ans. Quinze autres candidats ont été rejetés pour ne pas avoir satisfait aux normes de la commission électorale.