• le maire, Ernest Timothée Abono Mpoumbiel, est allé à la rencontre des grévistes
• Les grévistes sont convaincus que ce n’est pas l’argent qui manque
• au moins trois agents municipaux sont récemment morts pour manque de soin
Une grève paralyse la commune de Yokadouma depuis quelques jours. Les employés ont bloqué l’entrée de la mairie. Les grévistes sont convaincus que ce n’est pas l’argent qui manque et que cette accumulation d’arriérés est juste la preuve de la mauvaise foi de l’exécutif municipal. La mairie de Yokadouma, dans la région de l’Est, est justement l’une des plus riches du Cameroun avec un compte administratif fixé à plus d’un milliard de FCFA depuis des années, grâce, entre autres, à l’exploitation forestière. « Plusieurs projets sont exécutés. Le compte administratif est clôturé d’année en année. Les grévistes estiment donc que les salaires sont tout simplement négligés », explique notre source.
« Personne n’entre et personne ne sort », fait savoir un employé municipal. Qui ajoute que « le personnel en colère a barricadé les portes en se servant des chaînes et brûlé des pneus dans la cour de la mairie pour revendiquer 14 mois de salaires impayés ».
Pour calmer la situation, le maire, Ernest Timothée Abono Mpoumbiel, est allé à la rencontre des grévistes ce matin. Il promet de payer un mois dans l’urgence et le reste dans les prochains mois. Une proposition rejetée par les employés, qui devraient poursuivre ce mouvement d’humeur dans les prochains jours.
Les employés en colère sont davantage plus confortés dans leur position parce qu’une médiation conduite en janvier dernier par Martin Mindjos Momeny, le président de la Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts (Capef), originaire de Yokadouma, n’a rien donné. À la suite de cette médiation, le maire devait payer cinq mois de salaire au 31 janvier. Ce qui n’a pas été fait. « C’est ce qui a causé ce ras-le-bol », explique encore notre source.
Et pour ne rien arranger, au moins trois agents municipaux sont récemment morts pour manque de soin, dénoncent les employés. Le 26 février 2022, le maire annonçait le décès de Désiré Biokousso « survenu le 22 février dernier de suite d’une longue maladie », le dernier cas en date. Une annonce qui a suscité colère et indignation. « Un maire qui est fort pour annoncer les décès des agents communaux, ça lui permettra de remplir ses poches. Sûrement, il est mort faute de moyens financiers. Or, il avait 14 mois de salaire enterrés dans la mairie. À chacun son tour. Que son âme repose en paix », se lâche un collègue.
À la décharge du maire Abono Mpoumbiel, ses proches dénoncent la gestion de la précédente équipe. Ils font savoir que Richard Gaston Metindi Sassabeno, l’ancien maire de Yokadouma, a procédé à de nombreux recrutements au point de porter la taille des employés à 219 personnes, pour une masse salariale estimée à plus de 28 millions de FCFA par mois. À titre de comparaison, la masse salariale à la commune de Gari-Gombo, proche de Yokadouma, est de 6 millions. Elle est de 8 millions environ dans les communes de Mouloundou et Salapoumbe, deux autres communes proches de Yokadouma.
Pour plusieurs conseillers municipaux, le meilleur moyen de sortir de cette situation est de dégraisser le personnel. Une délibération communale a même déjà été prise pour une réduction drastique du personnel, comme le fait savoir notre interlocuteur. Le nombre de salariés pourrait être ramené à moins de 100 si le maire applique cette délibération, selon des estimations internes à la mairie.
Mais en attendant, la grève continue d’incommoder le service à la mairie. Et personne ne sait, pour l’instant, comment Abono Mpoumbiel compte mettre un terme définitif à cette grève.