D’après ce rapport qu’elle vient de rendre public, l’ONG internationale reconnaît que la réponse violente apportée par le régime de Paul Biya aux revendications pacifiques de la minorité anglophone et l’arrestation des leaders indépendantistes anglophones en janvier dernier au Nigéria a suscité la naissance des mouvements indépendantistes qui ont porté atteinte au droit à l’éducation.
Encore un rapport accablant pour les forces de défense et de sécurité camerounaises. Intitulé « ces meurtres peuvent être stoppés », ce document de 72 pages accuse l’armée du régime de Paul Biya de massacres, d’exécutions extrajudiciaires, de tortures, d’incendies des maisons et des propriétés, de détentions arbitraires dans le Cameroun anglophone depuis le déclenchement de la crise en 2016.
D’après ledit rapport, les manifestations pacifiques de novembre 2016 et d’octobre 2017 dans le Southern Cameroon ont donné lieu à des arrestations massives, des tortures, des traitements cruels inhumains et dégradants, des exécutions sommaires, des rançons contre libération, des destructions de biens dans les domiciles privés et des assassinats sur des civils non armés.
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131 villages brûlés par l’armée
Human Right Watch fait état d’une vingtaine tombé en octobre 2017 en s’appuyant sur les chiffres d’Amnesty International. Par ailleurs, d’après le rapport, « entre janvier et avril 2018 …les forces de sécurité auraient abattu plus d’une dizaine de civils, dont au moins 7 personnes présentant des déficiences intellectuelles et / ou psychosociales ou physiques ».
Bataillon d’intervention rapide (BIR), unité d’élite de l’armée camerounaise
Selon le rapport, 131 villages ont été brûlés par les forces de défense dans 20 localités de la région du Sud-Ouest : « quatre femmes âgées ont été abandonnées pendant les opérations gouvernementales à Kwakwa, Bole et Mongo Ndor et y auraient été brûlées vives dans leurs maisons », lit-on dans le rapport.
Human Right Watch estime que « des groupes de séparatistes armés sont apparus à la suite de la répression des manifestations de 2016 par le gouvernement, et ils ont bénéficié d’un soutien accru de la diaspora et des communautés locales après la réaction brutale du gouvernement aux manifestations de septembre et d’octobre 2017 ». L’ONG pense également qu’ « après l’arrestation des 47 activistes au Nigeria, les séparatistes armés ont mobilisé davantage de membres et de ressources et intensifié leurs attaques contre les forces de sécurité ».
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Appel au dialogue
Et l’organisation de répertorier les atteintes aux droits humains perpétrés par ces groupes armés indépendantistes, notamment les menaces sur des élèves et des enseignants, l’incendie des écoles, le kidnapping des responsables d’établissement, la torture de deux jeunes soupçonné de renseigner l’armée sur leur position, le meurtre d’un élève et d’un homme accusé d’être un indic au service des militaires camerounais.
Les menaces sur le droit à l’éducation ont eu pour but de faire respecter les mots d’ordre de villes mortes. Mais le rapport de Human Right Wacth ne révèle pas l’identité des groupes armés responsables de tous ces abus. L’organisation appelle le Cameroun à « organiser un dialogue en concertation avec la société civile anglophone, les groupes de la diaspora ainsi que les séparatistes armés. Les acteurs internationaux devraient soutenir et renforcer ces efforts ».
Ce rapport est basé sur 82 entretiens menés par Human Rights Watch au cours d’une mission de trois semaines dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun en avril 2018.