Expérimentée avec succès dans la capitale économique en tout début de l’an 2000 dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme et la criminalité, la caporalisation des villes et villages de ces deux régions serait la réponse appropriée à l’escalade de violence injustifiée.
20 février 2000
Un décret du chef de l’Etat crée le Commandement opérationnel (CO) dont le but est de lutter contre la grande criminalité à Douala. Il nomme à sa tête le général de brigade Philippe Mpay,alors commandant de la 2ème Région militaire inter-armées. Un communiqué du secrétaire général de la présidence de la République publié le même jour précise que le Commandement opérationnel mis en place est essentiellement temporaire : il prendra fin dès l’accomplissement de la mission. Malgré de nombreuses critiques, l’unité spéciale des forces armées mise en place à Douala n’a pas perdu de temps pour y réfréner le grand banditisme et la criminalité. La missionna ssignée au CO a été accomplie au bout de 40 jours seulement. Douala aurait certainement rattrapé Harlem City si Yaoundé n’avait pas mis en place d’urgence le Commandement opérationnel.
Aux grands maux… Dupliquer la même expérience dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest où les combattants ambazioniens mués en bandits de grand chemin veulent dicter leur loi aidera certai- nement à faire régner l’ordre dans ces deux régions. Aux grands maux, dit-on, degrands remèdes. En effet, la violence dans la crise anglophone a connu un nouveau pic ces derniers jours avec l’attaque du cortège de Joseph Béti Assomo, ministre délégué à la Présidence chargé de la Défense sur l’axe Kumba- Ekondo-Titi, dans la région du Sud-Ouest. Attaque survenue le 12 juillet dernier au lieu-dit Small Ekombe, à moins de sept kilo- mètres de Kumba.
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De sources sécuritaires, les sécessionnistes étaient embusqués le long du trajet dans des maisons abandonnées par les habitants. Ils ont ouvert le feu pendant près d’une demi-heure sur les véhicules du convoi qui roulaient à vive allure. Les militaires du Bataillon d’intervention rapide (BIR), l’unité d’élite de l’armée qui faisaient partie de la délégation, ont ripos- té à l’attaque en titrant à l’arme lourde. Le convoi a encore été pris dans des champs de tirs sur le chemin retour, au même endroit. Fort heureusement, le ministre de la Défense n’a pas été atteint et affirme avoir mis hors d’état de nuire au moins six des assaillants pendant l’échange des coups de feu. Joseph Béti Assomo se rendait dans cette localité sur très hautes instructions du président de la République chef des armées afin de remobiliser les troupes sur le terrain après plusieurs attaques qui ont causé la mort aux hommes en tenue et aux civils.
Intentions malveillantes
Le convoi du gouverneur de la région du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilaï, avait été attaqué de la même manière le 20 avril dernier. L’attaque était survenue au lieu-dit Lewoh dans l’arrondissement d’Alou, département du Lebialem. Le cortège avait essuyé les tirs nourris des hommes armés embus qués dans la broussaille à l’allée et au retour. Comme le Mindef, Bernard Okalia Bilaï s’en est bien sorti de cette attaque de sécessionnistes dont la barbarie est indescriptible.
Difficile d’oublier, depuis le déclenchement des hostilités, les scènes horribles de carnage, de pillage, de viol, de torture ou de kidnapping imputées aux combattants ambazoniens. Du grand banditisme et de la criminalité à ciel ouvert qu’ un Commandement opérationnel, s’il était crée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, est en mesure châtier.
L’attaque de Penda Mboko du 1er juillet dernier trahie les intentions malveillantes des sécessionnistes. Elle est suivie de près par les responsables sécuritaires du Littoral et Sud-Ouest. Même si elle n’a pas causé de pertes en vies humaines, les sources militaires restent en état d’alerte. Et pour cause, les Forces de défense et de sécurité disposent des informations faisant état de l’infiltration des combattants ambazoniens sous le couvert des réfugiés fuyant les combats dans les zones de Muyuka,Ebonji et Mbanga Bakundu. En effet, les forces sécessionnistes cherchent à couper Douala de Limbe.
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Raison pour laquelle la ville de Mbanga est placée sous haute surveillance. Les éléments des Forces de Sécurité en poste contrôlent et procèdent aux fouilles systématiques des véhicules à l’entrée et à la sortie du Sud- Ouest. Sauf que le département du Fako, en dehors de Muea, Ekona et Muyuka, n’adhère pas au mouvement en cours dans la région. Depuis Muyuka et Munyengue où ils ont des incursions récurrentes, les sécessionnistes veulent rejoindre le pont sur le fleuve Mungo, à en croire diverses sources.
Mode opératoire
En plus, des sources concordantes font état de ce que les rebelles sécessionnistes anglophones cherchent à éliminer le maximum d’éléments des Forces de défense en service dans la zone. D’ailleurs, lors de l’attaque du 1er juillet dernier, cette hypothèse a été confirmée car le bureau du commandant a été ciblé par les combattants, ainsi qu’un local situé à proximité.
Heureusement, confie une source sécuritaire, le sous-officier supérieur ne se trouvait pas à la brigade de gendarmerie au moment de l’acte criminel des séparatistes.
D’ores et déjà, de nouvelles factions sécessionnistes encore plus dangereuses et plus armées se créées et sont prêtes à en découdre avec les Forces de défense et de sécurité. L’escalade de violence en zone anglophone a mis en lumière de nombreux groupes qui mènent la lutte armée. La crise anglophone viserait à transformer les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en un vaste terrain d’affrontements pour différentes factions sécessionnistes.
Dans la Mémé comme dans la Manyu, des groupes de combattants tentent de faire la loi et s’attaquent ouvertement aux Forces de défense déployées sur le terrain et dont il faut ici saluer la bravoure et le professionnalisme.n Reclus dans la brousse,le mode opératoire de ces groupes terroristes est désormais bien connu, avec des enlèvements, séquestrations, pillages, attaques des brigades et bien d’autres.
Péril sur le scrutin du 07 octobre
Et dire que c’est dans cette atmosphère de mi-guerre que le Cameroun s’apprê- te à aller à l’élection présidentielle le 07 octobre 2018. Le vote dans les zones en conflit interpelle du fait de l’insécurité qui y règne, avec des enlèvements et des meurtres à répétition. Si le scrutin devait s’y tenir dans les conditions actuelles, il pourrait bien souffrir d’un manque de crédibilité et d’un manque de représentativité. D’où l’urgence de mettre un terme à cette sale guerre en créant par exemple un Commandement opérationnel dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, en décrétant l’état d’urgence dans ces deux régions, tout en privilégiant la voie du dialogue. Le temps presse.