Le 4 mars, dans un discours au vitriol, le ministre camerounais de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, s’en est pris à l’opposant Maurice Kamto. Sans jamais le nommer, il a menacé de le punir de ses « forfaits » avec « toute la rigueur de la loi ».


La tension est encore montée d’un cran, ce 4 mars, à Yaoundé, à l’occasion d’une prise de parole de Paul Atanga Nji. Devant la presse, qu’il avait réunie, le ministre camerounais de l’Administration territoriale, un habitué des polémiques, s’est lancé dans une diatribe contre Maurice Kamto, sans jamais toutefois nommer l’opposant, qu’il a préféré qualifier de « véreux ».

« Un homme politique véreux, inconscient, encouragé par des partisans récalcitrants et qui avait refusé de participer au double scrutin législatif et municipal de 2020, a décidé de perturber la vie nationale en brandissant la menace d’un grand désordre à travers le pays s’il n’est pas candidat à l’élection présidentielle de 2025 », a-t-il asséné.

« Cet homme politique mène une cabale injustifiée contre Elecam [le conseil électoral]. Je voudrais dire à ce politicien véreux d’arrêter, car trop, c’est trop. […] Tout désordre, manipulation, propagation de fausses nouvelles, appel à l’insurrection, messages de haine, doit cesser. Ces forfaits seront désormais traités avec la rigueur de la loi », a poursuivi le ministre.
Paul Atanga Nji a surtout insisté sur le fait que, selon lui, Maurice Kamto ne pourrait se porter candidat à l’élection présidentielle de 2025 puisque son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), avait boycotté les scrutins locaux en 2020 et qu’il ne dispose donc pas d’élus locaux, un des prérequis pour être candidat.


Les membres du MRC estiment, au contraire, que Maurice Kamto est parfaitement fondé à participer au scrutin présidentiel. D’abord, arguent-ils, parce que plusieurs élus locaux affiliés à d’autres partis ont récemment rejoint leurs rangs. Ensuite, parce que l’opposant pourrait être investi candidat par une autre formation politique qui disposerait, elle, de conseillers municipaux.

Paul Atanga Nji n’est visiblement pas de cet avis. Renvoyant Kamto à sa décision de boycotter les scrutins de 2020, il a invité l’intéressé à « avoir l’honnêteté intellectuelle d’assumer ses choix politiques ». « Ceux qui ne peuvent pas prendre part à cette présidentielle de 2025 [devront] attendre l’échéance de 2032, le ciel ne va pas tomber [sur nos têtes pour autant] », a-t-il conclu.