Le feuilleton judiciaire entre MTN Cameroun et l'homme d'affaires Baba Ahmadou Danpullo prend un nouveau tournant. Alors que la cour d'appel du Littoral avait ordonné le 24 février la levée du séquestre sur les comptes de l'opérateur télécoms, ce dernier se prépare à saisir à nouveau la justice pour obtenir l'exécution complète de la décision, certaines banques continuant de bloquer ses fonds.

La décision du 24 février marquait pourtant une victoire pour MTN Cameroun, leader du marché avec 16 millions d'abonnés. L'opérateur avait salué dans un communiqué du 31 mars cette décision qui, selon lui, invalide toutes les mesures conservatoires prises contre ses comptes. Pourtant, dès le 27 février, Baba Danpullo et ses avocats obtenaient une nouvelle saisie conservatoire.

"L'arrêt de la cour d'appel n'annule qu'une des décisions de blocage des fonds de MTN", explique Me Paul Ngassam, l'un des avocats de Danpullo. "D'autres mesures judiciaires antérieures demeurent valables."

Face à cette résistance, MTN Cameroun prépare une nouvelle offensive juridique. L'opérateur compte demander au juge d'appel:

D'imposer une astreinte de 200 millions de FCFA par jour de retard aux trois banques récalcitrantes (Citibank Cameroon, Standard Chartered Bank Cameroun et Ecobank Cameroun)

D'ordonner aux sociétés du groupe Bestinver de Danpullo de se conformer à la décision

"Cette manœuvre constitue une entrave manifeste à l'exécution d'une décision de justice", dénonce un porte-parole de MTN Cameroun.

Les origines du conflit
Ce contentieux trouve son origine dans un différend entre Baba Danpullo et la First National Bank (FNB) sud-africaine concernant un prêt immobilier. Après la liquidation par la FNB de propriétés de Danpullo en Afrique du Sud - qualifiée de "spoliation" par l'homme d'affaires -, ce dernier avait obtenu en septembre 2022 le gel des comptes camerounais de MTN Group, détenus par sa maison-mère sud-africaine.

"MTN Cameroun est pris en otage dans un conflit qui ne le concerne pas directement", analyse un expert juridique sous couvert d'anonymat. "C'est un cas classique de guerre judiciaire par procuration."

Alors que Danpullo pourrait porter l'affaire devant la Cour commune de justice et d'arbitrage (CCJA) de l'OHADA à Abidjan, MTN Cameroun affirme vouloir "épuiser toutes les voies de recours au Cameroun" avant d'envisager une solution internationale.

Ce nouveau rebondissement illustre la complexité des contentieux transfrontaliers impliquant des groupes multinationaux et des investisseurs locaux. L'issue de cette bataille pourrait influencer le climat des affaires au Cameroun, particulièrement dans le secteur des télécoms.