L'analyste politique David Eboutou a créé la polémique ce dimanche lors de l'émission "Grand Débat" sur CAM 10 TV, en déclarant avec amertume : "J'ai beaucoup de regrets de savoir que je suis né sous le régime de Paul Biya". Une charge sans précédent contre un pouvoir en place depuis 1982.
Le panafricaniste, pourtant originaire du Sud, fief traditionnel du RDPC, a fustigé "une incurie généralisée" : "Quel secteur fonctionne aujourd'hui ? Pourtant, on voit encore des motions de soutien". Une allusion transparente aux récentes déclarations de loyauté envers le président âgé de 92 ans.
Eboutou a visé directement Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur et baron du RDPC dans le Sud : "Vous savez ce qu'il me fait subir à l'université ?". Des propos qui laissent transparaître des tensions personnelles, tout en illustrant les fractures au sein même des bastions du parti au pouvoir.
Cette intervention intervient alors que le Cameroun traverse une crise économique et sociale aigüe, avec une jeunesse de plus en plus critique. Le ton inhabituellement direct du politologue – chose rare sur les plateaux télévisés locaux – reflète une libération progressive de la parole dans l'espace public.
Si le RDPC n'a pas encore réagi officiellement, des proches du pouvoir qualifient déjà ces propos de "règlement de comptes personnel". À l'inverse, sur les réseaux sociaux, de nombreux jeunes approuvent ce "cri de vérité".
Cette sortie médiatique pourrait relancer le débat sur l'héritage du long règne de Paul Biya, à l'approche des échéances électorales de 2025. Reste à savoir si elle ouvrira la voie à d'autres voix dissidentes au sein des cercles traditionnellement loyalistes.