Depuis plus d’un an, une équipe discrète, pilotée par Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, travaille sur une révision profonde de la Constitution camerounaise. Entouré de conseillers influents comme Jean-Claude Awala Wodougué et Luc Sindjoun, ainsi que de constitutionnalistes, ce groupe avance à couvert, sans aucune annonce officielle. Pourtant, selon plusieurs sources proches du palais d’Etoudi, le projet a déjà franchi plusieurs étapes techniques.

Paul Biya, maître absolu du calendrier politique, pourrait déclencher le processus à tout moment. La Constitution lui permet de convoquer une session extraordinaire du Parlement pour faire adopter les modifications à la majorité des trois cinquièmes. Certains observateurs parient sur une accélération avant la présidentielle d’octobre, où Biya devrait être candidat pour un nouveau mandat. Une manœuvre qui pourrait radicalement transformer le paysage politique en amont du scrutin.

Parmi les changements envisagés figurent un élargissement des institutions, avec davantage de députés, de sénateurs et de conseillers régionaux. Ce redécoupage s’accompagnerait d’une réorganisation territoriale, incluant la création de nouvelles communes et départements. Un chantier préparé de longue date, notamment à travers la réforme du Code général des collectivités territoriales décentralisées.

Autre dossier sensible : la révision du statut des chefferies traditionnelles. Le décret de 1977 pourrait être modifié pour reclasser certaines autorités locales, renforçant leur poids dans les conseils régionaux. Une mesure qui, si elle semble technique, pourrait servir à consolider les réseaux d’influence du régime.

Alors que les rumeurs se multiplient, une question s’impose : Paul Biya prépare-t-il une réforme pour moderniser le pays… ou pour verrouiller le système avant un scrutin décisif ?