« Faux communiqué ou rétropédalage déguisé ? » – La polémique enfle au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) après l’annonce d’une manifestation de 100 000 jeunes pro-Biya à Maroua, prévue le 10 mai. Portée par Cavayé Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale, et son directeur de cabinet Boukar Abdourahim, l’initiative a immédiatement divisé les cercles du pouvoir.
Dès le 11 avril, un message attribué à Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la communication du RDPC, ordonnait l’arrêt de l’opération, jugée non validée par les instances du parti. Mais dans un rebondissement typique des luttes internes, un nouveau communiqué démentait cette position 24 heures plus tard, qualifiant le premier texte de « faux ».
« Cavayé Yéguié Djibril a-t-il forcé la main du parti ? » – Une correspondance consultée par Jeune Afrique révèle que le patron des députés assure avoir donné son « approbation préalable » à cette mobilisation, présentée comme une initiative « citoyenne » et apolitique. Pourtant, l’imbroglio s’aggrave avec l’intervention du lamido de Maroua, Abdoulaye Yerima Bakari, qui dénonce dans une lettre au secrétaire général du RDPC une manœuvre « centrée sur les intérêts du Mayo-Sava », risquant d’enflammer les rivalités locales.
« La société civile monte au créneau » – Le collectif « Jeunes unis pour le développement de l’Extrême-Nord » accuse les organisateurs d’« instrumentaliser la misère de la jeunesse ». Son porte-parole, Hamadou Bachirou, appelle à boycotter l’événement : « Rester chez soi le 10 mai, c’est refuser d’être des figurants dans un théâtre politique ».