La nomination de Théophile Baoro à la tête du RDPC dans l'Adamaoua intervient dans un contexte particulièrement sensible pour le pouvoir. Cette région du septentrion, longtemps considérée comme un fief de l'opposition, représente en effet l'un des derniers obstacles à surmonter pour Paul Biya avant l'échéance présidentielle d'octobre 2025.

Les défis sont de taille. Une correspondance confidentielle du gouverneur Boukar, révélée par Jeune Afrique, met directement en doute la capacité de Baoro à mobiliser la région. "Nos analyses et sondages montrent qu'il n'est pas le leader idéal pour porter nos ambitions", peut-on y lire. Un document qui en dit long sur les résistances internes auxquelles fait face le nouveau patron régional du RDPC.

La population locale, elle, garde en mémoire le célèbre boycott de la visite présidentielle de 1997. Près de trente ans plus tard, la méfiance envers le pouvoir central reste palpable. La construction du monument Paul Biya, dont le suivi a nécessité une réunion gouvernementale d'urgence le 17 avril dernier, selon Jeune Afrique, illustre cette tension permanente entre volonté d'affirmation du régime et résistances locales.

Dans ce contexte, chaque action de Théophile Baoro prend une dimension particulière. À 66 ans, ce vétéran de la politique régionale devra faire appel à toute son expérience pour convaincre un électorat traditionnellement réticent. "Dans l'Adamaoua, chaque voix se gagne au prix d'un combat", reconnaît un conseiller régional sous couvert d'anonymat. Un combat dont l'issue pourrait bien déterminer le visage du Cameroun post-2025.