Loin des dorures du Palais présidentiel d'Etoudi, Paul Biya semble avoir trouvé refuge dans son village natal. Depuis 52 jours maintenant, le président camerounais n'a pas remis les pieds dans sa résidence officielle de Yaoundé. Un éloignement qui suscite interrogations et spéculations alors que l'échéance présidentielle de 2025 se profile à l'horizon.

Officiellement parti à Mvomeka'a le 28 février dernier pour assister aux obsèques de sa belle-sœur, le chef de l'État, aujourd'hui âgé de 92 ans, s'est installé dans un silence qui en dit long. Dans son fief du Sud, Paul Biya semble cultiver une distance calculée, ne recevant que très peu de visiteurs selon plusieurs sources proches du pouvoir.

Cette retraite prolongée intervient à un moment crucial. À quelques mois d'une élection présidentielle où, malgré son âge avancé, il pourrait briguer un huitième mandat, cette absence alimente les rumeurs. Le palais d'Etoudi, symbole du pouvoir camerounais depuis près de quatre décennies, paraît désormais être devenu un lieu que le président évite soigneusement.

Pourtant, les affaires de l'État continuent. Son aide de camp effectue régulièrement le trajet vers Mvomeka'a, transportant les dossiers nécessitant l'attention présidentielle. La machine administrative tourne, mais à distance, comme si le centre du pouvoir s'était déplacé vers ce village du Sud Cameroun.
D'après nos informations, le président ne devrait pas répondre favorablement à l'invitation récente de Cavayé Yéguié Djibril, préférant déléguer éventuellement son épouse, Chantal Biya. Il faudra sans doute attendre les célébrations de la fête nationale de l'Unité, le 20 mai prochain, pour revoir le chef de l'État dans la capitale.

En attendant, sa communication s'active sur le front numérique, diffusant quotidiennement des messages autour du vivre-ensemble. Une stratégie qui vise manifestement à maintenir une présence dans l'esprit des Camerounais malgré l'absence physique du président.

Cette mise à distance d'Etoudi interroge. Est-ce le signe d'une fatigue croissante? D'une stratégie politique calculée? Ou Paul Biya prépare-t-il, dans la quiétude de son village natal, une nouvelle candidature qui défierait encore une fois le temps et ses adversaires politiques?

Une chose est certaine: à 92 ans, et après plus de quatre décennies au pouvoir, Paul Biya continue de gouverner le Cameroun selon ses règles, transformant même son absence en un art politique. Le palais d'Etoudi attend son maître, mais celui-ci semble préférer, pour l'instant, la tranquillité de Mvomeka'a aux ors de la République.