Un jeune indigné du nom de Gilles Gilles de Bamal a publié une tribune. Il l’a titré « Priorité au développement : lettre à la jeunesse de l’Extrême-Nord sur la marche des 100 000 jeunes ».
En tant que jeune de l’Extrême-Nord, je m’élève contre la récente initiative visant à mobiliser 100 000 jeunes de ma région pour soutenir une candidature présidentielle. Alors que nos villages manquent d’écoles, d’eau potable et de routes, l’allocation d’un milliard de FCFA à cette opération politique est une insulte à notre dignité et à nos aspirations légitimes.
Depuis 43 ans, les promesses de développement se heurtent à une réalité implacable : chômage endémique des jeunes, privés de formations adaptées et d’opportunités économiques ; infrastructures en lambeaux : moins de 30 % des localités ont accès à l’eau potable (selon l’INS), des salles de classe surpeuplées, des centres de santé sans médicaments ; une région oubliée, pourtant éprouvée par les crises climatiques et sécuritaires.
Un milliard de questions. Plutôt que de financer des rassemblements éphémères, cet argent pourrait construire 50 salles de classe (à 20 millions FCFA l’unité), scolarisant des milliers d’enfants ; ériger 20 forages (50 millions FCFA chacun), apportant l’eau à des communautés entières ; créer des microprojets agricoles pour lutter contre l’exode rural.
Le paradoxe de la jeunesse instrumentalisée. Nous refusons d’être réduits à un « réservoir de foule ». Notre colère est celle d’une génération sacrifiée, dont le potentiel est étouffé par des priorités politiques déconnectées. Comment croire en l’avenir quand les fonds publics servent à célébrer le pouvoir plutôt qu’à le mettre au service du peuple ?
Appel à l’action. Je demande la réorientation immédiate de ce budget vers des projets concrets (éducation, santé, eau) ; un dialogue transparent entre les autorités et les jeunes, pour co-construire des solutions durables ; la fin de l’exploitation politicienne de la misère, qui sape la confiance dans les institutions.
L’Extrême-Nord mérite mieux que des cadeaux de campagne. Nous exigeons des actes, non des slogans. La véritable mobilisation serait d’investir dans notre avenir, pas dans des spectacles éphémères.