Actualités of Thursday, 24 April 2025

Source: www.camerounweb.com

Le système Ngoh Ngoh : il obtient la tête du puissant DGSN, comment le SGPR façonne la haute administration auprès de Biya

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La possible nomination d'Alain Bakouba à la tête de la Délégation Générale à la Sûreté Nationale (DGSN) met en lumière l'influence grandissante de Ferdinand Ngoh Ngoh, Ministre d'État et Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR), dans les nominations aux postes stratégiques de l'État camerounais.

Surnommé "l'homme à la punk" dans les cercles du pouvoir, Ferdinand Ngoh Ngoh semble orchestrer un véritable système de positionnement de ses fidèles aux postes clés de l'administration. Le cas d'Alain Bakouba n'est que le dernier exemple d'une série de nominations controversées qui dessinent progressivement une cartographie du pouvoir favorable au SGPR.

Le mode opératoire paraît bien rodé : repérer des hommes loyaux, les maintenir dans l'antichambre du pouvoir comme attachés au SGPR pendant plusieurs années, puis les propulser directement à des postes stratégiques en court-circuitant les étapes habituelles de la progression administrative.
La préparation d'Alain Bakouba pour remplacer Martin Mbarga Nguele à la tête de la police nationale s'inscrit dans une stratégie plus globale visant à contrôler les appareils sécuritaires du pays. Elle fait écho à la nomination, le 23 décembre 2023, de Jean-Pierre Robbins Ghoumo à la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE), les services secrets camerounais.

Ces deux nominations stratégiques, si la seconde se concrétise, placeraient sous l'influence directe de Ngoh Ngoh les deux principaux services de sécurité du Cameroun, un levier de pouvoir considérable dans un pays où les questions sécuritaires demeurent sensibles.

Les méthodes de Ferdinand Ngoh Ngoh pour imposer ses protégés sont perçues comme une violation des principes réglementaires de l'administration camerounaise. La promotion éclair de Bakouba du rang d'attaché à celui de Conseiller Technique avec rang de Secrétaire d'État, sans passer par le poste intermédiaire de Chargé de Mission, illustre cette démarche qui s'affranchit des règles établies.
Cette pratique aurait créé un climat de frustration et d'indignation parmi les autres collaborateurs du Chef de l'État, notamment les Chargés de mission au SGPR qui attendent depuis des années une promotion semblable.

Selon plusieurs sources au sein de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh utiliserait sa "position dominante" auprès du Chef de l'État pour faire signer des nominations qui ne répondent pas aux critères habituels d'avancement dans la haute fonction publique camerounaise.

Cette capacité à orienter les décisions présidentielles en matière de nominations aux postes stratégiques interroge sur la répartition effective du pouvoir au sommet de l'État camerounais, alors que le pays traverse une période politique sensible.

Le cas Bakouba, s'il se concrétise par une nomination à la tête de la DGSN, constituerait une nouvelle démonstration de l'influence considérable du Secrétaire Général de la Présidence dans l'architecture du pouvoir camerounais.