Le Cameroun est un pays qui avance en reculant. Même le football, les Camerounais ont gâté. Il y a 36 ans, le pays avait un très grand championnat d'élite. On ne peut pas dire que c'est toujours le cas aujourd'hui.
C'est la raison pour laquelle, Serge Hervé Nyongha se demande ce que certains supporters de Samuel Eto'o applaudissent au juste.
"1989, il y a 36 ans…
Nous avions un championnat d'élite, une vraie élite de 16 clubs. Chacune de ces équipes disputait au moins 34 rencontres par saison, une cinquantaine pour celles qui allaient loin en coupe du Cameroun et en compétitions internationales. Pour avoir un aperçu de la compétitivité du championnat, réferons nous au classement final qui montre un écart d'à peine 11 points entre le troisième et le treizième, et un point entre le champion et son dauphin.
Yaoundé, Douala, Bafoussam, Bafang, Baganté, Kumba, Sangmelima, Nkongsamba, Foumban, Ngaoundéré … De grands clubs dans ces villes, avec une concentration de talents sans pareil, des stades pleins à craquer pour des spectacles de très haute facture. Rappelons que ce niveau de jeu et l'organisation fédérale inspirèrent la professionnalisation de notre football. Des projets cohérents ont été proposés, notamment celui de Mr Njoh Léa qui venait d'ailleurs avec des sponsors, l'expertise, le financement… Projet balayé d'un revers de la main, pour cause de gombo inaccessible. A la place, on a fait naitre la LINAFOOTE (ligue nationale de football d'élite), une coquille vide, vouée à l'échec et morte dès sa première saison du fait de son casting managérial, du manque de lisibilité de ses actions, du clientélisme, en un mot de son amateurisme. Puis, la LFPC et ses histoires.
35 années plus tard, nous avons fait de grands pas...en arrière. A quoi ressemble notre élite aujourd'hui? Une "élite" dont la désignation du champion est arrangée avant la compétition, un championnat truffé de scandales, une administration fédérale engluée dans de sordides affaires…
Il y en a qui trouvent matière à applaudissements, la médiocrité et les impostures ayant acquis en bonne et due forme un titre foncier chez nous. Ces rappels historiques sont importants, il y a un AVANT au Cameroun qui ne se conjuguait pas avec forfaitures, cet avant qui connaissait pas la honte. Vivement que cet AVANT inspire le futur".