Selon Jeune Afrique, l'édifice religieux emblématique de Yaoundé symbolise l'alliance complexe entre l'Église et le pouvoir camerounais
La basilique mineure Marie-Reine-des-Apôtres de Mvolyé, située dans le sud de Yaoundé, n'est pas un simple lieu de culte. D'après une enquête de Jeune Afrique publiée le 27 avril 2025, cette imposante construction entretient des liens particulièrement étroits avec le président Paul Biya et cristallise les enjeux politiques du pays.

Le magazine panafricain rappelle que le chef de l'État, dont le père fut catéchiste, a lui-même assisté à sa proclamation en tant que basilique par le cardinal Jean-Louis Tauran en décembre 2006. Un attachement qui n'est pas anodin : Paul Biya, formé dans plusieurs institutions religieuses dont le pré-séminaire Saint-Tarcisius d'Edéa, aurait personnellement soutenu l'érection de ce lieu initié par Monseigneur Jean Zoa en 1991.

L'édifice ne manque pas d'impressionner par ses dimensions : 32 mètres de haut, 75 de large et une capacité d'accueil de 4 000 places assises. Selon Jeune Afrique, son architecture témoigne d'une volonté d'universalité ancrée dans le terroir camerounais : "Le bois vient à 95% du Centre, du Sud et de l'Est, et la structure évoque les cases mousgoum du Nord", confie un dignitaire ecclésiastique au magazine.

La basilique a également été le théâtre de moments diplomatiques majeurs, comme la visite du pape Benoît XVI en mars 2009. Plus récemment, en septembre 2022, une messe y a été célébrée par Christophe Zoa en soutien à Paul Biya, et en octobre 2024, le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi y organisait une prière pour la santé du président, rapidement désavouée par le gouvernement.

Le site, qui abrite le siège de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenca), est devenu un lieu convoité jusque dans la mort. Jeune Afrique révèle que son cimetière, où reposent d'éminents religieux comme Vieter, Henneman, Vogt, Graffin ou Zoa, attire les puissants du pays prêts à débourser entre 1 500 et 3 000 euros pour y être inhumés.

Cette enquête de Jeune Afrique illustre comment, au Cameroun, la basilique de Mvolyé incarne la complexité des relations entre pouvoir spirituel et temporel, devenant ainsi un symbole incontournable de la vie politique nationale.