Actualités of Wednesday, 8 March 2023

Source: www.bbc.com

« J’ai tout laissé derrière moi », Thierry Niambré, ivoirien rapatrié de Tunisie

« J’ai tout laissé derrière moi », Thierry Niambré, ivoirien rapatrié de Tunisie « J’ai tout laissé derrière moi », Thierry Niambré, ivoirien rapatrié de Tunisie

Samedi, plus d’une centaine d’Ivoiriens ont quitté la Tunisie et sont arrivés dans leur pays. L'Etat a pris en charge leur rapatriement de Tunis à Abidjan dans les locaux de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS).

« J'ai tout laissé à part cette guitare que je prends que comme souvenir », déclare Thierry Niambré. Il fait partie des migrants sont logés et pris en charge par les autorités ivoiriennes.

Thierry Niambré et ses compatriotes ont décidé de rentrer en Côte d’Ivoire suite aux propos du président tunisien sur l’immigration illégale des subsahariens qui serait motivée par un complot dont le but est de remplacer la population locale.

Bien qu’étant en situation régulière depuis 4 ans en Tunisie, a préféré rejoindre son pays, la Côte d’Ivoire.

« J’étais professeur de musique puisque j'avais une académie là-bas. Je formais les gens à jouer au piano, à la guitare, la batterie », explique-t-il.

Il affirme avoir abandonné ses instruments de musique.

« J’ai tout abandonné. La vie vaut mieux que tout », martèle-t-il. Thierry Niambré n’a gardé que sa guitare qu’il continue de gratter en attendant le pécule que doivent leur remettre les autorités ivoiriennes.

À l'ombre des bâches et des arbres des dizaines d'ex immigrés tunisiens patientent recevoir les 160 000 francs CFA qui leur permettent de rentrer en famille. Les services sociaux les accompagnent pour des projets professionnels.

Ces rapatriés ont également reçu un soutien psychologique, mais aussi un suivi pour leur permettre de construire une vie. Les enfants en âge d'aller à l’école seront scolarisés selon Gilberte B. Aïdara, directrice de l’action sociale du ministère ivoirien des Affaires étrangères.

Dans une pièce lumineuse de l’INJS Charlotte Tiboté patiente en compagnie de son garçonnet fait rouler joyeusement devant lui un jouet bruyant qu'il vient de recevoir.

« Il y a déjà aussi qui sont en prison actuellement. Les bailleurs ont délogé certains. Ils n’ont pas où dormir », affirme celle qui a vécu 8 ans en Tunisie.

« Les gens passaient dans le domicile pour agresser », renchérit-elle.

Yao Ruth figure parmi les 45 femmes rapatriées en Côte d’Ivoire. Mère d’un bébé de quatre mois, elle se dit soulagée à l’idée de retrouver les siens.

« Aujourd'hui, moi, je peux dire que vraiment, je suis contente de rentrer chez moi. Même en rêve, je ne pense même pas retourner maintenant en Tunisie », affirme-t-elle.

Elle reste affectée par les insultes et autres provocations dont les migrants subsahariens ont fait l’objet à la suite de la déclaration du président Saïed.

« On nous a traités de singe et qu’on était là pour les envahir et les remplacer », affirme Charlotte. Elle pense vouloir se reconvertir dans le commerce.

Selon l’AFP, l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire à Tunis a informé que près « 800 autres Ivoiriens attendent également de quitter le pays d'Afrique du Nord. »

La Banque mondiale a décidé de suspendre son cadre de partenariat avec la Tunisie suite aux déclarations du chef de l’Etat tunisien sur les migrants originaires de pays africains et les harcèlements et violences racistes qui les ont suivies.

Les Etats Unis se disent également profondément préoccupés par les remarques du président Saïed. Ned Price, porte-parole du département d'État, a exhorté lundi 6 mars les autorités tunisiennes à respecter leurs obligations en matière de protection des droits des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants.