Pouvez-vous nous raconter la scène de votre agression ?
Je suis un conducteur de mototaxi à Meiganga, responsable d’une famille ; j’habite le quartier Zandaba 1. Le samedi 04 août 2023, un monsieur de mon quartier m’a demandé de l’amener au champ comme d’habitude. Je l’ai déposé et à mon retour, dans un bosquet, j’ai vu une personne qui a surgi avec un gourdin. Il m’a assené un coup au niveau de la mâchoire. J’ai perdu conscience et je ne me suis plus souvenu de ce qui s’est passé. Je me suis simplement réveillé à l’hôpital le lundi d’après vers 13h. On m’a fait comprendre que j’ai été agressé et retrouvé. Et que tous les gens de mon quartier ont fait une grève jusqu’à ce que les gendarmes soient sortis. Ils étaient déjà mobilisés depuis le samedi de mon agression. J’ai été informé que mon agresseur a été tué par les gendarmes, et que mon téléphone et la clé de ma moto ont été retrouvés en sa possession. On a trouvé quatre autres téléphones chez lui et cinq clés de motos. Je connaissais bien ce type, plus connu sur le nom de Bindo, qui était aussi un conducteur de mototaxi. Il était par ailleurs un repris de justice.
Comment appréhendez-vous cet acte d’agression et quel sentiment vous anime après avoir été sauvé de justesse et votre agresseur neutralisé ?
Ce que je ne comprends pas, c’est que c’est la deuxième fois qu’on m’agresse. La première, c’était le 22 octobre 2022. C’était aussi un samedi. Ma moto avait été prise, mais je n’avais subi aucun dommage corporel. Mes agresseurs m’avaient simplement arraché la moto et sont partis, en plein centre-ville de Meiganga. J’avais déposé une plainte au niveau du commissariat et à la brigade. J’ai appris un jour, que les voleurs de motos avaient été arrêtés ; je suis arrivé avec la photocopie de la douane. On a juste retrouvé le châssis de ma moto qui avait en fait été vendue en pièces détachées. La deuxième fois que je suis agressé, ce sont les mêmes gars que la première. De fait, c’est d’abord le cadet qui avait été enfermé et jusqu’à présent, il est en détention à la prison de Meiganga. Pour la deuxième fois, c’est son grand frère qui m’a agressé.
Vous sentez-vous en insécurité à Meiganga, en tant que conducteur de mototaxi ?
Il faut avouer qu’en ce moment, c’est très grave. L’insécurité est très exagérée, on agresse trop ici à Meiganga. Moi je dirais que l’une des pistes, c’est peut-être parce qu’on ne punit pas sévèrement les voleurs de motos et les agresseurs. Les peines sont minimes et c’est peut-être pour cela que ces malfaiteurs ne laissent pas la population tranquille. Mon souhait est que chaque fois qu’on prend un voleur de moto par exemple, qu’on inflige une peine d’au moins 20 ans. Moi je vois des voleurs qui sont pris et quelques années plus tard, ils sont libérés. A mon avis, ça encourage plutôt certains à voler, sachant qu’au plus tard deux ans après, ils seront libres. Evidemment, quand ils ressortent, ils continuent leur sale besogne. Je vous prends le cas de mon agresseur qui a finalement été abattu ; il a fait deux ans de prison pour viol, mais ça n’a pas empêché qu’il continue le grand banditisme. Il était connu comme très brutal dans la ville de Meiganga.