Le verdict est tombé pour les médecins d’une clinique privée de Conakry poursuivis pour « viol, avortement suivi de mort et administration de substances nocives’ ‘sur M’mah Sylla, une jeune secrétaire de 25 ans.
Elle est morte en 2021 en Tunisie où elle a été évacuée pour des soins d’urgence.
Mamadou Boye Sylla, père de la victime, a accueilli le verdict comme un ouf de soulagement.
Il se dit satisfait de la peine infligée aux bourreaux de sa fille, d'autant plus que pour lui "même sortis, ils ne seront plus médecins."
Pour lui, c'est l'espoir de les voir hors d'état de nuire qu'il a déposé sa plainte et que cela serve de leçon.
« Que cela n'arrive à personne d'autre », dit-il au téléphone à la BBC.
Que s’est-il passé ?
M'Mah Sylla, une secrétaire de 25 ans, est décédée en 2021 en Tunisie. Elle avait été évacuée pour des soins après avoir été violée à plusieurs reprises dans une clinique privée de Conakry, avait à l'époque annoncé le gouvernement guinéen.La mort de Mme Sylla avait alors suscité un vif émoi sur les réseaux sociaux, donnant lieu à des pétitions en ligne et à la création du slogan "Justice pour M'Mah Sylla".
- Des soldats érythréens accusés de viols malgré l'accord
- David Carrick reconnaît avoir commis 49 infractions sur deux décennies
Quel est le verdict du tribunal ?
Les trois accusés ont été reconnus coupables de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner et d'avortement selon le verdict relayé par la presse locale.Un quatrième a été condamné pour mise en danger d'autrui.
- La pop star sénégalaise qui a osé chanter sur le viol
- "Pourquoi les hommes violent-ils?"
Patrice Lamah et Daniel Lamah ont été condamnés à 15 ans de prison chacun, et le quatrième Sebory Cissé, purgera un an de détention.
Ils ont tous été reconnus coupables de coups et blessures et d'avoir pratiqué un avortement.
Patrice Lamah et Millimono ont également été reconnus coupables de viol.
Les accusations d'administration de substances nocives, qui avaient été portées contre les quatre médecins, ont été abandonnées.
En outre, le tribunal leur a interdit, d’exercer la médecine pendant des périodes allant de trois à cinq ans.
On ne sait pas pour le moment si les condamnés vont faire appel de cette sentence.
Un signal fort
Les organisations guinéennes de défense des droits qui femmes qui ont suivi l’affaire depuis le début, considèrent que ce verdict espèrent que cette condamnation pourrait dissuader les éventuels auteurs de violences sexuelles ou de viols sur les femmes.« On ne peut pas se réjouir à cent pour cent parce qu'une vie de perdue n'est jamais retrouvée. Une vie ne peut jamais se remplacer, mais au moins, qu'on reconnaisse qu'il y a eu ce crime et que les auteurs puissent être condamnés », affirme Moussa Yero Bah, journaliste activiste des droits de l’homme, présidente de l‘ONG F2DHG.
Mme Bah espère que cette sentence est un signal fort : « S’ils violent la loi. Ils sont passibles de jugement et de condamnation. »
Pour Moussa Yero, le signal n’est pas juste destiné aux éventuels auteurs de violences sexuelles mais aussi aux victimes. Une telle condamnation pourrait contribuer à libérer davantage la parole des victimes.
« Avant, les gens se taisaient là-dessus parce que dans la communauté, on pointait du doigt les victimes, on les ridiculisait, on les mettait au ban de la société. Comme si c’est elle qu'il fallait en vouloir» , affirme Mme Bah jointe par la BBC.
Aujourd’hui, elle constate que de plus en plus de femmes se rapprochent de structures comme la sienne afin de les accompagner dans leurs démarches.
« Elles nous demandent de les aider à obtenir un avocat ou de les aider à obtenir une assistance psychosociale », confie-t-elle.