Depuis le lundi 21 février 2022, les enseignants camerounais sont en grève. Ce mouvement d’humeur qui en principe devait durer trois jours, du lundi 21 février au mercredi 23 février 2022, a été prolongé.
L’analyste politique Arlette Framboise Doumbe Ding tout comme tant d'autres, au moment où la grève tend à se radicaliser, regrette le fait que le gouvernement ait attendu que les choses en arrivent là. Même l'ex compagne de Samuel Eto'o, Nathalie Koah s'y est mêlée.
Autre fait inquiétant de cette crise de l’éducation et qui demeure difficile à comprendre reste l’implication des mototaximen. Yannick Raphel ne comprend pas le pourquoi ces derniers s’érigent en donneurs de leçon aux enseignants.
Lisez ci-dessous la tribune Yannick Raphel
Chers mototaximen de Douala,
L’enseignement est reconnu d’utilité publique depuis la nuit des temps et le demeurera jusqu’à l’éternité et ce, dans tous les pays du monde entier. C’est un noble métier grâce auxquels les hommes ont pu s’élever du stade de primate pour s’ériger en homosapien, cette espèce accomplie qui pense, réfléchi, développe, construit, invente, découvre et transforme le monde autour de lui. De par ce travail d’édification millénaire, l’homme a pu construire la motocyclette pour se déplacer, moyen de transport grâce auquel, vous gagnez votre vie aujourd’hui, par défaut.
Vous comprenez donc que l’enseignement est d’une importance incommensurable pour l’humanité. Ce métier n’est pas le fruit d’un hasard ou d’un accident de l’histoire comme votre métier qui ne doit son existence dans notre pays que grâce à des calculs politiciens destinés à endormir le volcan bouillonnant de rage et de colère que vous avez toujours représenté pour ce régime sans inspiration, qui peine à vous trouver d’autres issues professionnelles. Un corollaire donc du chômage ambiant, voilà ce qu’est votre métier.
Des mototaximen qui font la leçon de citoyenneté aux enseignants, dites-moi que je rêve. Vous vous prenez vraiment au sérieux lorsque vous commettez une telle communication pour prétendument barrer la voix aux enseignants ? Mon Dieu !!!! Que ou qui pensez-vous protéger ? Des adeptes du désordre et des troubles à l’ordre public qui font la leçon de préservation de l’ordre public à des enseignants ? C’est vraiment le vice qui se moque de la charité. Mais que devient ce pays ? Qui vous a même dit que vous êtes d’utilité publique ? Les deuils, les mutilations, l’incivisme et la délinquance que draine votre métier vous ne sauraient vous valoir un tel statut social.
En parlant des prix que vous pratiquez, même lorsque celui qui semble être le destinataire de votre communication invite tout le monde à la résilience, le suivez-vous ? N’est-ce pas vous restez très attachés à vos gains au détriment de ce que cela coûte aux autres Camerounais ? Eh bien savez-vous que les enseignants eux font preuve de résilience et ce, depuis toujours ?
Mais ce n’est pas en majorité de votre faute. Je vous concède votre ignorance et votre naïveté dans cette vaste opération de manipulation qui ne vise qu’à distraire le peuple et à semer la confusion. C’est de la faute du pouvoir qui semble se plaire à banaliser les vraies préoccupations des populations pour les focaliser vers ce qui n’est ni utile, ni essentiel. Ils se nourrissent de la division et viennent de réussir l’extraordinaire de vous dresser en face des enseignants comme une barrière alors que leurs doléances ne vous visent aucunement. Leurs cris de colère fondés sur des faits ne vous concernent en rien.
Mais puisque ce sera très facile de vous dispenser de votre responsabilité par l’adhésion à cette tentative de manipulation, il est important de vous rappeler que vous avez des enfants dans les écoles et les lycées où ces enseignants vaquent à leurs activités. Ils forment vos enfants dont vous souhaitez certainement les avenirs moins tristes que les vôtres. C’est grâce à eux que vos leaders qui vous entraînent espèrent un jour se rendre auprès des commanditaires de cette mascarade pour plaider qui une place à l’Enam, qui une place à l’Emia, pour leurs progénitures et pouvoir dire un jour : « Je faisais la moto mais mon fils est administrateur civil ou officier de l’armée nationale ». Pourtant pour être digne de ces positions dans l’avenir malgré la corruption ambiante qui ouvre les accès à tous, ils ne pourront se démarquer que s’ils ont reçu à la base, de bons enseignements dans les écoles, dispensés par des enseignants motivés, œuvrant dans de conditions de travail dignes et acceptables, je dirai même honorables. Mais alors, qu’est-ce qui vous choque dans ces revendications ?
Vous feriez donc mieux de vous ressaisir et de ravaler votre ego rendus sur dimensionné grâce au craquement des billets de 2000 encore frais dans vos poches. En passant, vous n’avez pas manqué de rappeler à votre destinataire de ne pas oublier ses promesses faites à la veille des dernières élections. J’en profite donc pour vous demander où est ce que vous en êtes avec les lotissements et ou les logements sociaux qu’on vous avait promis au même endroit où vous êtes allés renouveler votre bêtise, il y’a quatre ans ?
Quand on était venu chercher la vache pour l’aller égorger, poules et coqs riaient à gorges déployées. Ils ignoraient simplement que lors d’une fête, lorsqu’on égorge un bœuf, on égorge en même temps un millier de poulets.
Soyez sage.
Un observateur averti de la scène politique nationale.