Dans un développement inattendu de l'affaire qui a secoué la scène politique sénégalaise, Adji Sarr, la femme au cœur de l'accusation de viol contre Ousmane Sonko, a quitté le Sénégal au début de l'année 2024. Cette information, révélée par le magazine Jeune Afrique, met en lumière le rôle joué par l'administration de l'ancien président Macky Sall dans ce départ discret.
Selon les révélations, Adji Sarr a bénéficié d'un soutien logistique important pour quitter le pays. L'éditorialiste Madiambal Diagne, proche de Macky Sall, a affirmé sur la chaîne TFM avoir mis à disposition son chauffeur et sa voiture personnelle pour des raisons "humanitaires". Ce dispositif a permis à la jeune femme de se rendre d'abord en Mauritanie, avant de rejoindre l'Europe.
Plus surprenant encore, une source au sein du ministère des Affaires étrangères a confirmé à Jeune Afrique qu'Adji Sarr aurait voyagé munie d'un passeport diplomatique, avec la mention "administratrice de société".
Le départ d'Adji Sarr semble avoir été orchestré au plus haut niveau de l'État. Une source au ministère des Affaires étrangères a déclaré à Jeune Afrique que l'opération avait reçu "la validation et l'autorisation de la présidence". Cette même source a évoqué un "visa" accordé à Adji Sarr par l'administration de Macky Sall alors qu'il était encore au pouvoir.
L'accusation de viol portée par Adji Sarr contre Ousmane Sonko en 2021 a plongé le Sénégal dans une crise politique majeure. Elle a notamment contribué à empêcher Sonko de se présenter à l'élection présidentielle du 24 mars 2024, remportée par son allié Bassirou Diomaye Faye.
Le départ d'Adji Sarr intervient dans un contexte politique tendu, alors que le camp de Sonko, devenu Premier ministre, a pris les rênes du pouvoir. La jeune femme avait exprimé à plusieurs reprises sa crainte de représailles et son désir de quitter le pays.
Depuis son départ, les rumeurs vont bon train quant à la localisation d'Adji Sarr. Certains médias l'ont située en France ou en Suisse, tandis que d'autres évoquent une possible demande d'asile politique en France. Son avocat n'a pas confirmé ces informations.
Cette nouvelle tournure dans l'affaire Sonko-Sarr soulève de nombreuses questions sur le rôle joué par l'administration Sall dans la protection de la jeune femme et sur les implications politiques de ce départ orchestré. Elle met également en lumière les défis auxquels fait face la nouvelle administration sénégalaise dans la gestion de cet héritage politique complexe.