Africa News of Saturday, 19 October 2024

Source: www.camerounweb.com

Garde à vue de Kemi Seba : le panafricaniste interrogé sur ses liens supposés avec Wagner

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Kemi Seba, le militant panafricaniste, a été libéré mercredi après 48 heures de garde à vue en France. Cependant, les investigations se poursuivent, notamment sur ses liens passés avec Evgueni Prigojine, l’ancien chef du groupe paramilitaire russe Wagner.

Kemi Seba a été arrêté le 14 octobre et interrogé pendant 48 heures dans les locaux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Levallois-Perret, au nord de Paris. Il a ensuite été relâché sans poursuites, sa garde à vue n’ayant pas été prolongée.

« Les investigations sur l’infraction d’ingérence étrangère se poursuivent dans le cadre de l’enquête préliminaire », a expliqué le parquet de Paris après la levée de la garde à vue, le 16 octobre. L’enquête avait été lancée à l’initiative de la DGSI, selon une source proche du dossier mentionnée par l’AFP.
Kemi Seba et son bras droit, Hery Djehuty, sont soupçonnés d’intelligence avec une puissance étrangère en vue de susciter des actes d’agression ou d’hostilité à l’égard de la France, et pour atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Ces chefs d’accusations pourraient leur valoir jusqu’à 30 ans de prison, selon la loi française.
Kemi Seba, qui a été déchu de sa nationalité française, voyageait en France avec un passeport diplomatique nigérien et un visa Schengen, officiellement pour rendre visite à son père malade. Compte tenu de son profil, certains de ses proches lui avaient déconseillé de faire le voyage à Paris, estimant que cela serait une « provocation ». Visiblement, ils n’ont pas été écoutés.

Les soupçons sur Kemi Seba ont été renforcés par les révélations du « Projet Kemi », piloté par les stratèges de Wagner. En mars 2023, Jeune Afrique, en collaboration avec le magazine « Sources » de Arte/CAPA, le quotidien allemand Die Welt, ainsi que les organisations All Eyes On Wagner et Dossier Center, avait expliqué comment Evgueni Prigojine, l’ancien chef de Wagner mort dans le crash de son avion le 23 août 2023, avait financé, appuyé et même guidé certaines actions du leader d’Urgences panafricanistes sur le continent entre 2018 et 2019.
Près de 440 000 dollars lui auraient été versés sur la même période, un montant contesté par Kemi Seba qui, en revanche, n’a pas caché sa relation avec Prigojine. « Ce serait les révélations par les médias récipiendaires des données piratées qui seraient à l’origine de l’enquête préliminaire » de la DGSI et de la garde à vue, écrit le site d’informations et d’investigation Mediapart, citant des sources proches du dossier.

« Kemi Seba n’a rien fait de secret », a insisté son avocat, Me Juan Branco. « Depuis le début, il a toujours tout assumé dans le but de ne pas se retrouver dans une situation où on pourrait prétendre qu’il aurait comploté », a poursuivi le juriste lors d’un point presse tenu devant les locaux de la DGSI, le 16 octobre. « [M]on client est serein », a ajouté Juan Branco.

« À ceux parmi les réseaux françafricains qui rêvaient de nous voir en prison, on a des mouchoirs pour vous », a ironisé Kemi Seba sur le réseau social X tout en promettant de s’expliquer dans une vidéo. Les agents de la DGSI ne devraient pas manquer de la visionner.

Bien que Kemi Seba soit libre, les investigations sur ses liens supposés avec Wagner se poursuivent. Les services du renseignement intérieur français gardent un œil sur le militant panafricaniste, dont les actions et les relations passées continuent de susciter des interrogations.