L’un des fils du président de Guinée Équatoriale, Ruslan Obiang Nsue, a été jugé le 19 août à Malabo pour avoir illégalement vendu un avion de la compagnie aérienne nationale. Une peine de dix-huit ans de prison et une amende de près de 500 millions de F CFA (plus de 750 000 euros) ont été requises contre lui.
Les autorités avaient ouvert une enquête en novembre 2022 après avoir constaté la disparition de l’appareil, un ATR 72-500 appartenant à la compagnie nationale, Ceiba Intercontinental, qui se trouvait depuis 2018 en révision de routine en Espagne. Il avait été établi que cet avion avait été vendu à l’entreprise Binter Technic, spécialisée dans la maintenance aéronautique et basée à Las Palmas, sur l’île espagnole de Grande Canarie.
« Je reconnais un contrat de vente de l’avion à 250 000 euros mais je n’ai reçu que 125 000 euros que j’ai mis sur mon compte bancaire en Espagne », a déclaré l’accusé lors de l’audience. Ruslan Obiang Nsue occupait alors les fonctions de directeur général-adjoint de Ceiba Intercontinental, dont il a été depuis démis.
Âgé de 49 ans, cet ancien Secrétaire d’État chargé des sports et de la jeunesse a comparu librement pour répondre des chefs d’« abus de fonctions, abus de biens d’intérêt général et malversation de fonds publics ». Le procès a été suspendu et la date du jugement n’est pas connue. Les poursuites judiciaires engagées contre Ruslan Obiang Nsue sont inédites pour un membre de la famille présidentielle.
Arrêté en janvier 2023, Ruslan Obiang Nsue a été placé en résidence surveillée depuis, sur ordre de son demi-frère, le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorin ». Présenté sous l’angle de la lutte contre la corruption, l’affaire est d’ailleurs en réalité bien plus politique qu’il n’y paraît. Ruslan Obiang Nsue pourrait en effet payer le fait d’apparaître comme un rival de son demi-frère.
Ce dernier, qui a progressivement pris les rênes du pays ces dernières années, a lui-même été définitivement condamné par la justice française en juillet 2021 à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende pour détournement de fonds publics dans le cadre des affaires de « biens mal acquis ». La vente de ses différents avoirs en France a représenté 6 millions d’euros.