Africa News of Tuesday, 22 October 2024

Source: www.camerounweb.com

Guinée: une alliance surprise en vue contre Mamadi Doumbouya

Mamadi Doumbouya Mamadi Doumbouya

En Guinée, l’opposition s’organise depuis l’extérieur, tandis qu’une campagne bat son plein à Conakry en vue d’une candidature du chef de la junte, Mamadi Doumbouya, à l’élection présidentielle. Cette situation suscite des réactions vives au sein de l’opposition, qui se mobilise pour contrer les ambitions politiques de la junte au pouvoir.

À dix semaines de la fin théorique de la période de transition ouverte par la chute du régime d’Alpha Condé, de plus en plus de voix s’élèvent parmi les partisans du général Mamadi Doumbouya en faveur de sa candidature à l’élection présidentielle, dont la date n’est toujours pas fixée. Cette campagne a provoqué une mobilisation accrue de l’opposition à la junte, qui dénonce ce qu’elle qualifie de « report unilatéral de la fin de la transition à une date indéterminée ».

En première ligne de cette opposition, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) mène depuis la fin de septembre une campagne de sensibilisation auprès du Service de règlement des plaintes de la Banque Mondiale, le GRS. Objectif de cette opération, pilotée par le coordinateur délégué du FNDC, Sékou Koundouno, qui vit en exil entre Dakar, Abuja et Paris : empêcher l’octroi à la Guinée d’un appui budgétaire de quelque 100 millions de dollars, actuellement en discussion dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque et du FMI à Washington.

Dans ses courriels adressés au GRS et au représentant de la Banque mondiale à Conakry, le Sénégalais Issa Diaw – dont Jeune Afrique a pris connaissance –, le FNDC demande à l’institution de limiter ses opérations en Guinée « aux projets vitaux dans les domaines de la santé et de l’éducation » et d’éviter « toute sorte d’appui financier pouvant permettre aux militaires ayant confisqué le pouvoir [Comité national du rassemblement pour le développement, CNRD] d’acheter de nouvelles armes », au risque d’être tenue pour « coresponsable de toutes les victimes ».

L’échéance du 31 décembre 2024, au terme de laquelle, selon la Charte de la transition, cette dernière était censée prendre fin (le président Doumbouya s’étant par ailleurs engagé à ce que ni lui ni aucun membre du Comité militaire ne brigue de mandat électif) a par ailleurs accéléré une amorce de rapprochement entre les deux principales figures de l’opposition politique en exil : Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé.

Selon nos informations, l’ancien Premier ministre et l’ex-chef de l’État renversé le 5 septembre 2021 se sont récemment entretenus à plusieurs reprises par téléphone autour d’un projet commun d’appel au départ de la junte du pouvoir. Cet appel viendrait en appoint de celui déjà lancé par la coalition des Forces vives en faveur de l’établissement d’une transition civile à partir du 1er janvier 2025, et auquel pourrait se joindre un autre ancien Premier ministre en exil : Sidya Touré.

La campagne en cours en vue d’une candidature de Mamadi Doumbouya à la magistrature suprême a également fait réagir le pourtant très modéré François Louncény Fall, en pleine tournée d’implantation de son parti et qui ne cache guère ses propres ambitions présidentielles. Une telle campagne est, selon lui, « un mauvais présage ». « Nous souhaitons que le chef du CNRD ne se laisse pas entraîner dans cette voie », a-t-il ajouté lors d’un entretien avec le site Ledjely.com.