Selon des révélations de Jeune Afrique, l'opération "Vengeance", menée conjointement par les Forces armées maliennes (FAMa) et les mercenaires du groupe Wagner sur Tinzawaten, s'est récemment soldée par un semi-échec. Cet épisode a mis en lumière les tensions croissantes entre les militaires maliens et leurs alliés russes, laissant présager un possible changement de stratégie dans la lutte contre l'insurrection au Mali.
D'après les informations rapportées par Jeune Afrique, après près de dix jours de progression, le convoi militaire composé de soldats maliens et de mercenaires de Wagner a fait demi-tour avant même d'engager le combat à Tinzawaten. Le magazine précise qu'officiellement, la mission visait à récupérer les corps de soldats tombés lors de la bataille de juillet dernier. Cependant, de nombreux observateurs s'attendaient à une offensive contre les rebelles du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l'Azawad (CSP-DPA), qui contrôlent toujours la ville frontalière avec l'Algérie.
Jeune Afrique cite une source militaire malienne, s'exprimant sous couvert d'anonymat : "La bataille de juillet est un affront qu'il faut laver. Mais nous n'allons pas foncer tête baissée, ce qui explique le retour du convoi à Kidal. La hiérarchie a jugé que toutes les conditions n'étaient pas encore réunies pour mener à bien cette mission."
Toujours selon Jeune Afrique, l'opération a été marquée par des frictions notables entre les militaires maliens et les mercenaires de Wagner. Le magazine rapporte que ces derniers ont ouvertement critiqué leurs homologues maliens sur des plateformes de communication en ligne, dénonçant un prétendu "manque de professionnalisme".
Dans son analyse, Jeune Afrique souligne que ces tensions ne sont pas nouvelles. Le magazine cite Mathieu Olivier, analyste, qui explique : "Depuis l'arrivée de Wagner, il y a toujours eu une forme de mépris de la part des mercenaires russes envers l'armée malienne. Ils sont arrivés dans une position de sauveurs et, donc, ils n'avaient pas une très bonne image de l'armée malienne." Il ajoute que "les hauts gradés maliens n'ont jamais vraiment accepté cette vision et d'être pris de haut par les mercenaires russes."
Jeune Afrique suggère que ces dissensions, désormais exposées au grand public, pourraient catalyser un changement dans l'approche militaire du Mali face aux menaces sécuritaires. Le magazine évoque une évolution possible vers le renforcement de la "stratégie des drones", déjà adoptée par d'autres pays de la région comme le Burkina Faso et le Niger dans leur lutte contre les groupes armés et jihadistes.