Ça donne quoi, Joss Stone en chair et en os sur scène ? Tout d'abord, une voix. D'un coffre impressionnant, diamétralement opposé à la silhouette plutôt frêle de la chanteuse. La voix de Joss Stone, même si elle a perdu un peu de sa fêlure des débuts de sa carrière il y a quatorze ans, a gagné en pureté. Et presque à elles seules, les cordes vocales de la chanteuse anglaise de soul ont fait le spectacle lundi 23 janvier 2017 sur la scène de l'Institut français du Cameroun, antenne de Douala. Rappelant que la Grande-Bretagne est un vivier de grandes voix : Amy Winehouse, Adele, Duffy, Joan Armatrading, Corinne Bailey Rae, etc. Sur scène, Joss était accompagnée seulement de la guitare de son compatriote Leon King.
Il y a un an que le musicien s'est joint au Total World Tour de l'artiste récompensée aux Grammy Awards en 2007. Ce tour du monde musical commencé en 2014 a donc mené l'auteure aux huit albums dans la cité économique camerounaise. Pas seulement pour les spectateurs, mais aussi pour la chanteuse, qui a trouvé là un chœur parfait pour la seconder dans ses chansons. D'ailleurs, au détour de l'une d'elles, Joss va féliciter ses choristes du soir, gagnée par l'émotion et la surprise : « Vous êtes vraiment de grands chanteurs », en anglais bien sûr.
En français, deux mots reviendront surtout : « Merci beaucoup », pour montrer son appréciation de ce public connaisseur. Qui réclamait à cor et à cri certaines reprises de l'artiste, car, Joss Stone a su donner une nouvelle et belle vie aux nombreux standards jazz & soul qu'elle a revisités au fil de sa carrière. « I put a spell on you », entendait-on çà et là, pour faire référence à ce chef-d'œuvre de Nina Simone. Elle cèdera légèrement, avec un peu de James Brown en a cappella, « It's a man's man's man's world ».
Parce que Joss Stone avait surtout à cœur de partager sa musique à elle, ses expériences, ses road trips. L'ambiance intimiste de l'Ifc de Douala s'y prêtait bien, entre deux rires avec ses vis-à-vis. Pendant plus d'une heure, partager ses dernières explorations qui l'ont menée aux confins de la musique reggae, avec tout son album, son dernier, y dédié : « Water for your soul », sorti en 2015. Opus qui lui a d'ailleurs valu une récompense Billboard dans ce genre musical. Cet esprit des Caraïbes, empli de liberté, transparait même dans le style de l'artiste. Sur la scène de l'IFC, et comme on pouvait le voir dans les concerts précédents, Miss Stone portait une robe légère et était pieds nus. L'épitomé de la simplicité.