C’est bien plus que le nouveau visage de la franchise des Sixers puisque Joel Embiid est devenu en très peu de temps une véritable star NBA. Un joueur capable de changer l’issue d’une rencontre mais aussi de rassembler énormément d’attente et de passion autour de lui. L’approcher n’est pas une mince affaire, mais Basket USA est allé à la rencontre du « Lion Indomptable », justement pour parler de football, le sport numéro 1 au Cameroun.
Cette défaite face à une très belle équipe des Cavs montre tout le chemin qu’il reste parcourir à votre équipe pour qu’elle devienne un jour la meilleure de la conférence Est
Je pense que nous n’avons pas très bien joué. OK, c’est une très bonne équipe, ils n’ont pas joué les trois dernières finales NBA pour rien, mais ce soir nous n’avons pas joué à notre niveau. Défensivement, on a commis trop d’erreurs. Face à une telle équipe composée de très bons joueurs, cela ne pardonne pas. Offensivement, on n’a pas passé la balle comme d’habitude.
C’est notre style de jeu, notre identité pourtant. Bouger la balle, trouver le partenaire ouvert et offrir des tirs à nos shooteurs. Ce soir, on n’a pas eu de réussite, seulement trois tirs réussis à 3-points (sur 28). Il nous a manqué cette adresse pour rester plus longtemps dans le match. C’est grâce à notre réussite à 3-points que dernièrement nous avons gagné des rencontres et que nous sommes bien placés dans la conférence.
Et à titre personnel ?
Pour moi, défensivement, c’était un peu bizarre. Habituellement je suis dans la raquette à défendre sur les pivots adverses. Chez eux, leurs intérieurs passent leur temps à 3-points, donc c’est compliqué pour moi. Ils me font sortir de la raquette, et je ne suis plus là pour dissuader les tirs, pour protéger la raquette. LeBron en a profité pour nous faire mal par sa qualité de drive.
Il n’empêche que cette défaite doit et va faire grandir votre équipe qui reste avant tout une jeune équipe ?
Oui, ils nous ont mis une fessée. C’est à nous d’apprendre de ce genre de match. Nous n’avons pas mis nos tirs, nous n’avons pas été agressifs en défense. C’est comme ça. Tout le monde était excité à l’idée de jouer ce match, moi le premier. C’est le genre de match que j’aime jouer. Je n’aime pas perdre et ce soir je suis déçu, comme toute l’équipe, mais c’est une bonne défaite. Ça nous montre que nous ne pouvons pas prendre de jours off. On ne peut pas se relâcher. Nous devons continuer à travailler, continuer de grandir en équipe et ça passe par le travail. C’est comme ça que nous deviendrons les meilleurs.
Une nouvelle fois, vous avez fait preuve d’une énorme détermination sur le parquet. C’est votre côté « Lion Indomptable » qui vous fait plonger sur tous les ballons ?
Oui (rires), je suis Camerounais il ne faut pas l’oublier. Ça fait partie de moi. Je suis un combattant, Je crois que c’est ma nature. J’ai manqué deux ans de basket. C’est beaucoup deux ans. Pendant deux ans, je n’ai pas pu faire ce que j’aime le plus au monde. Mais aujourd’hui je suis de retour.
Je veux jouer, je veux gagner. Je veux tout faire pour aider mon équipe à gagner. Quand je suis sur le terrain, je donne tout ce que j’ai en moi. C’est comme ça. Je joue au basket, je prends du plaisir, c’est ce que j’aime. Je veux jouer alors si je dois aller plonger dans les pieds de mes adversaires pour remporter des matchs, alors je vais plonger, sans aucun problème.
Le plongeon, c’est habituellement réservé au football. Au Cameroun, c’est le foot le sport numéro 1, et on a pu constater que vous étiez un grand fan de ce sport…
Oui, c’est le sport national. J’aime le foot, j’aime le Real de Madrid. J’ai eu la chance de rencontrer les joueurs, d’assister l’an dernier à la finale de la Ligue des Champions et de les voir gagner. C’était super. Je suis très proche de Paul Pogba et Antoine Griezmann.
Sur le plan médiatique, pensez-vous être aujourd’hui l’équivalent d’un Roger Milla, Patrick Mboma ou Samuel Eto’o ?
Je pense que c’est différent. Comme j’ai dit, au pays, le foot reste le numéro 1. Ces trois joueurs sont des idoles, mes idoles. Au pays, ils n’ont pas l’opportunité de regarder les matchs. En Europe, ça passe très tard, deux heures ou trois heures du matin. J’ai parlé à Griezmann tout à l’heure, il m’a souhaité bonne chance pour le match, et je lui ai demandé s’il allait regarder le match. Mais je pense qu’il n’a pas pu, car les matchs de NBA sont tard. Je ne sais pas ce qu’il avait à faire aujourd’hui, s’il avait match ou pas.
Votre popularité reste donc limitée au Cameroun ?
Je sens que je suis encore au-dessous, mais les choses avancent. Je suis au Cameroun cet été, et beaucoup de gens m’ont reconnu, m’ont demandé des photos et autographes, ça m’a fait chaud au cœur. Tu sais, ça me rend fier de savoir que je suis aimé au pays.
Quel est justement votre sportif préféré camerounais, celui à qui vous vouliez ressembler lorsque vous étiez plus jeune ?
Samuel Eto’o, et j’ai donc commencé par le football avant de faire du volley. J’ai eu la chance de le rencontrer, de parler avec lui. Au Cameroun, c’est un Dieu, il nous a procuré tellement de bonheur. C’est l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football africain et du monde. Donc même si j’en ai d’autres, Eto’o reste le plus grand à mes yeux.
Quand vous débarquez de Yaoundé aux Etats-Unis, le choc a dû être terrible ?
Quand je suis arrivé aux Etats Unis, ce n’était pas facile. Je suis arrivé ici à 16 ans. Je ne savais pas très bien jouer au basket et tous les gars ici étaient plus forts que moi. Mais je me suis accroché, j’ai fait preuve de persévérance, car j’ai toujours voulu être le meilleur. J’étais loin de chez moi, loin de ma famille dans un pays aussi grand que les Etats-Unis. J’ai beaucoup travaillé pour être là où j’en suis aujourd’hui, mais ce n’est pas terminé, j’ai soif de victoires et de titres ici à Philadelphie.
Et des victoires en sélection sous les couleurs du Cameroun aux Jeux Olympiques ou en Coupe du Monde, c’est envisageable ?
C’est tellement compliqué. Ils viennent de changer les règles, et je ne peux pas y être en ce moment. Quand tu es Camerounais, tu as envie de porter les couleurs de ton pays, jouer les JO ou un championnat du monde. Mais c’est dur. Je suis ici, je ne peux pas les aider à se qualifier pour le Championnat du monde ou la Coupe d’Afrique. Je suis les résultats, je sais qu’ils ont gagné deux matchs sur trois ces derniers jours, ils représentent bien le pays. Mais si un jour j’ai l’opportunité, alors on verra.
Dernièrement, on a hélas parlé du Cameroun avec des esclaves en Libye. Cela doit vous attrister et vous révolter de voir qu’en 2017, il se passe encore de telles choses sur votre continent ?
Oui, c’est dommage. Cela doit vite s’arrêter. Je pense que c’est à moi, mais aussi à tous les joueurs africains d’aborder ce genre de trucs. C’est grave, très grave. Comme tu l’as dit en 2017, cela ne doit plus arriver.