Le contrat signé en début du mois de mai accordant à l'entreprise chinoise Sinosteel, l'exploitation d'une mine de fer à Lobé dans le sud du Cameroun fait polémique dans le pays.
Selon les autorités camerounaises, l'exploitation de cette réserve de 632 millions de tonnes de fer devrait rapporter 22,9 milliards de FCFA par an.
L'opposition et certains acteurs de la société civile appellent le chef de l'Etat à annuler ce contrat qu'ils qualifient de dupe puisque, selon eux, Sinosteel, pourrait gagner 10 à 20 fois, voire plus.
La quantité de minerais déclarée par l'exploitant chinois est également mise en cause.
Faux, retorque le ministre en charge des mines, Gabriel Dodo Ndoké. Il répond aux questions de notre correspondent, Jean Charles Biyo'o Ella.
Le 6 mai dernier vous avez signé au nom de l'Etat du Cameroun une convention avec l'entreprise chinoise Sinosteel pour l'exploitation du gisement de fer de… dans la région du sud du Cameroun. Mais depuis la signature de cette convention, l'opinion publique s'enflamme. Est-ce que vous comprenez l'intérêt que beaucoup portent autour ce projet ?
La question de l'exploitation des ressources naturelles en général a toujours suscité beaucoup de passion à travers le monde, et je peux comprendre ce qui arrive aujourd'hui au Cameroun.
Le Cameroun est membre de l'Initiative pour la transparence dans l'industrie extractive et à ce titre, nos contrats miniers et toutes les informations sont transparentes et elles sont disponibles pour qui veut savoir ce qu'il y est contenu.
Monsieur le ministre, il y a un chiffre flatteur qui a été évoqué : 500 milliards de francs CFA que l'Etat du Cameroun devrait gagner. Mais ce montant reviendra au Cameroun au bout de combien d'années et combien l'investisseur va gagner en retour ?
500 milliards, c'est une estimation. Ce n'est pas un montant figé, fixé et arrêté définitivement.
C'est une estimation qui est faite sur la base de simulations que l'entreprise dans le cadre de son plan d'exploitation a présentée à l'Etat du Cameroun.
Et cette estimation peut fluctuer en fonction de la conjoncture favorable ou défavorable. Le Cameroun a attribué à la société Sinosteel à Lobé, d'abord un permis de recherche.
Ce permis de recherche a généré des coûts pendant cette phase de recherche. Je dois vous dire que c'est depuis 2008 que le premier permis de recherche a été attribué sur une période d'abord de trois ans, ensuite renouvelé sur deux ans et enfin renouvelé sur deux ans.
Donc, c'est sur sept ans que sur ce prospect le travail aura été effectué, les dépenses ont été effectuées. Et en phase donc d'exploitation, ces dépenses seront récupérées parce que la recherche minière est faite aux risques et périls du chercheur.
S'il trouve tant mieux, s'il ne trouve pas tant pis. L'Etat du Cameroun n'a rien à lui rembourser.
Quelles garanties avez-vous des chiffres qui sont évoqués par l'entreprise Sinosteel, s'ils reflètent effectivement la réalité de ce gisement ?
On ne donne le permis d'exploitation qu'à l'entreprise qui a effectué la recherche.
La recherche est faite suivant les principes reconnus dans le métier et les résultats sont certifiés par des cabinets spécialisés reconnus à travers le monde.
Et les résultats sont soumis justement à des vérifications par ces cabinets avant d'être présentés à l'Etat du Cameroun.
L'Etat du Cameroun, le ministre des mines que je suis peut solliciter, oui peut-être une contre-expertise mais la contre-expertise sera toujours faite par un autre cabinet certifié.
Ces derniers jours certains parlementaires camerounais appelaient le chef de l'Etat à annuler cette convention qu'ils qualifient de contrat de dupes.
J'ai vu des calculs. J'ai vu des simulations. J'ai vu tout ce qui a été fait. J'ai vu même des tableaux sur lesquels des démonstrations ont été faites.
Mais écoutez, soyons sérieux, nous parlons de la mine. Nous avons même cherché à savoir, s'agissait-il dans ces démonstrations de calculs arithmétiques, de calculs algébriques, de l'économie minière ?
J'ai cherché, je ne sais pas. Je n'ai pas trouvé quelle qualification donner à l'exercice intellectuel qui a été fait par certains de nos élus du peuple que nous respectons, mais que nous appelons également à nous respecter.
Ecoutez, ces calculs sont faux. Il faudrait bien que le gouvernement le dise. Il faudrait bien que les populations le comprennent.
Il n'est pas possible, ces simulations qui ont été faites, qu'elles ne tiennent pas compte des dépenses effectuées pendant la phase de recherche, qu'elles ne tiennent pas compte des charges de tous ordres que ce soit de l'exploitation, qu'elles ne tiennent pas compte ces simulations, de tout ce que le Cameroun gagne effectivement.
Dire simplement et de manière tranchée en calcul arithmétique dans une activité minière ce qu'on peut gagner de manière simpliste serait de très mauvaise foi.
Et je voudrais appeler les uns et les autres à l'arrêter.