La semaine dernière, des millions d'Australiens se sont réveillés pour trouver une version radicalement différente de Facebook - une version dépourvue de toute informations.
Du jour au lendemain, Facebook a interdit aux utilisateurs australiens de partager ou de consulter des contenus d'actualité sur la plateforme - en réponse à une proposition de loi qui ferait payer ces contenus aux géants de la technologie.
En quelques années seulement, Facebook s'est imposé comme le lieu où beaucoup de personnes obtiennent leurs informations.
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Comment a-t-elle donc réussi à consolider sa place parmi les plus grandes sources d'information du monde ?
Facebook devient la principale source d'information australienne
Il ne fait aucun doute que Facebook est devenu l'un des réseaux sociaux les plus importants - si ce n'est le plus important - pour de nombreux consommateurs de nouvelles.Selon un rapport de l'Institut Reuters, jusqu'à 40 % des Australiens ont utilisé Facebook pour les actualités entre 2018 et 2020 - ce qui en fait la plateforme de médias sociaux et de messagerie la plus populaire du pays pour les informations.
Mais la domination de ces entreprises technologiques dans le paysage médiatique a suscité de nombreuses inquiétudes.
En 2018, un régulateur du marché australien a lancé une enquête sur l'impact de Google et de Facebook sur la concurrence dans les médias et la publicité.
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Sur chaque 100 dollars australiens (41 661 FCFA) dépensés en publicité numérique dans les médias australiens ces jours-ci, 81 dollars australiens (34 693 FCFA) vont à Google et Facebook.
Au vu de ce déséquilibre entre les entreprises technologiques et les médias, la Commission a déclaré qu'un code de conduite devrait être introduit afin d'uniformiser les règles du jeu.
Le projet de code appelle les entreprises technologiques à payer pour les contenus, sans toutefois préciser le montant. Il permettrait également aux entreprises de presse de négocier en bloc avec les entreprises technologiques sur la manière dont le contenu apparaît dans les flux d'informations et les résultats de recherche.
Le gouvernement soutient que les géants de la technologie devraient payer aux salles de rédaction un montant "juste" pour leur journalisme.
Il justifie cette intervention sur le marché en faisant valoir que l'industrie australienne de l'information, en proie à des difficultés, et qu'un média fort est vital pour l'intérêt public et la démocratie.
Mais Facebook a déclaré qu'il rejette toute loi l'obligeant à payer, ainsi que l'argument sous-jacent.
Pendant ce temps, Google, malgré sa résistance à la loi, a néanmoins accepté des contrats de plusieurs millions de dollars avec trois grands organes de presse australiens.
Une relation symbiotique ?
Il est clair que Facebook est très dépendant de l'actualité, mais ses relations avec les éditeurs de presse vont dans les deux sens.Facebook affirme que les médias bénéficient davantage de cette relation qu'ils ne le font.
"Les éditeurs choisissent volontiers de publier des nouvelles sur Facebook, car cela leur permet de vendre plus d'abonnements, d'accroître leur audience et d'augmenter les revenus publicitaires", explique William Easton, le directeur général local de la société.
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Mais l'information est l'une des principales raisons pour lesquelles les gens utilisent les médias sociaux, selon le rapport de Reuters, et Facebook est la plus grande plateforme sociale pour cela.
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Cependant, il est vite devenu évident qu'il y avait un problème de transparence. Facebook a constamment apporté des modifications à son logiciel sans en informer les éditeurs de presse.
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C'était le rédacteur en chef absent qui pouvait instantanément dicter les changements éditoriaux.
Les buts ne cessent de changer
"Les changements algorithmiques ont été effectués sans avertissement préalable, sans connaissance et sans raisonnement... C'était incroyablement frustrant", affirme Isabelle Oderberg, ancienne rédactrice en chef des médias sociaux pour News Corp Australia, à BBC News."Cela a affecté notre trafic et c'était surtout très perturbant. La communauté des médias sociaux devait [ensuite] attendre que Facebook [explique] le changement, même si elle ne l'expliquait pas toujours. L'équilibre des pouvoirs a toujours été clair", ajoute-elle.
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Un journaliste d'un grand média australien a expliqué à la BBC que, pour eux, les "objectifs changent sans cesse" et que les priorités changent chaque année ou tous les deux ans en fonction de ce qui fonctionne le mieux pour Facebook.
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Les trois reporters ont tous noté le changement dans les salles de presse lorsque Facebook a décidé de donner la priorité à la vidéo - rendant les vidéos d'actualité plus visibles pour les utilisateurs de Facebook dans le flux.
Des dizaines de producteurs de vidéos ont ainsi été embauchés ou des journalistes existants ont reçu une formation accélérée.
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"On nous a dit que les histoires audio ne fonctionneraient pas [sur les réseaux sociaux] et qu'il fallait donc écrire le contenu dans un article numérique pour qu'il soit partagé, mais tout à coup, il fallait que ce soit une vidéo", précise le journaliste radio.
"Et on avait parfois l'impression que la qualité ou la nature de ce que l'on obtenait n'avait pas d'importance, [ou que] c'était une bonne histoire, si elle n'était pas adaptée à l'algorithme", ont-ils ajouté.
"Plus de roi de la colline"
Des inquiétudes quant à l'avenir du secteur ont également été exprimées par des experts en dehors de la salle de presse.Rasmus Nielsen, directeur de l'Institut Reuters de l'Université d'Oxford, indique à la BBC que les distinctions entre les reportages crédibles et les rumeurs sont érodées par le format "feed" (flux) de Facebook.
Mais il y a aussi des avantages.
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Il a également créé un environnement de nouvelles qui est plus représentatif des communautés qui ont été "complètement et régulièrement ignorées par les médias établis", dit M. Nielsen.
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Le défi consiste donc à savoir comment faire participer, informer et créer de la valeur pour les consommateurs.
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Reportages de Frances Mao, Yvette Tan et Joshua Cheetham de la BBC.
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