Derrière chaque diagnostic de cancer se cache une histoire profondément personnelle, faite de douleur, de résilience, d'amour et d'espoir. Alors que des millions de personnes luttent contre cette maladie, chaque parcours est unique, ce qui fait écho au thème de la campagne de la Journée mondiale contre le cancer de cette année : « Unis par ce qui est unique ».
Ce thème évoque les souffrances inexprimées des patients et des survivants du cancer, dont beaucoup ne sont jamais racontées.
L'une d'entre elles est Mary Amankwah Fordwor, sage-femme en chef à l'hôpital catholique St. Anthony au Ghana, à qui l'on a diagnostiqué un cancer de la gorge en 2021.
« J'ai découvert un gonflement indolore autour de mon cou qui refusait de disparaître », a déclaré cette mère de deux enfants à la BBC. Les médecins confirmeront plus tard que la « simple tuméfaction » qu'elle traitait avec des antibiotiques était en fait un cancer.
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Le diagnostic est tombé peu de temps après qu'elle a été promue au rang de sage-femme principale dans l'hôpital où elle travaillait. Il a bouleversé sa vie, non seulement sur le plan professionnel, mais aussi sur le plan émotionnel, et de bien des façons qu'elle n'aurait jamais pu imaginer, notamment en perdant son mariage de 12 ans.
Selon l'Organisation mondiale de la santé, l'Afrique enregistre chaque année environ 1,1 million de cas de cancer et 700 000 personnes y perdent la vie. Le chiffre global est plus élevé - 10 millions de vies par an - alors que le monde continue de lutter contre la maladie, qui reste un mystère médical.
« Pendant la chimiothérapie et la radiothérapie, j'ai vu des gens mourir, alors j'ai créé une plateforme WhatsApp avec 12 personnes, en utilisant ma vie et mon parcours pour les motiver et leur montrer qu'il y a une vie après le cancer de la gorge », a-t-elle déclaré à la BBC. Mary intensifie son action de sensibilisation aux différents aspects du cancer en utilisant ses chaînes TikTok, Instagram et YouTube.
Lorsqu'elle se rend dans des écoles, des églises et d'autres organisations, elle prêche l'acceptation.
« Je ne savais pas ce qu'était l'amour de soi. Je ne savais pas ce qu'était l'estime de soi jusqu'à ce que j'aie un cancer de la gorge », a-t-elle déclaré.
Les médecins n'ont pas été en mesure de détecter la cause du cancer de Mary. Mais selon l'OMS, « chez 90 % des personnes, le corps contrôle l'infection de lui-même et une infection persistante par le virus du papillome humain (VPH) avec des types de VPH à haut risque est la cause du cancer du col de l'utérus et est associée aux cancers de la vulve, du vagin, de la bouche/gorge, du pénis et de l'anus ».
En 2019, on estime que le VPH a été à l'origine de 620 000 cas de cancer chez les femmes et de 70 000 cas chez les hommes dans le monde.
L'observatoire mondial du cancer 2022 de l'OMS au Ghana révèle que le cancer de la gorge est le dix-septième cancer le plus répandu sur trente-deux, avec 227 nouveaux cas enregistrés cette année-là et une prévalence sur cinq ans de 626. En Afrique, l'observatoire a recensé 10 665 nouveaux cas en 2022, avec une prévalence sur cinq ans de 28 077.
« Les gens ignorent les signes et les symptômes - s'ils sont détectés tôt, nous pouvons faire quelque chose », a déclaré le Dr Ama Boatemaa Prah, oto-rhino-laryngologiste à l'hôpital universitaire Korlebu du Ghana. Les premiers signes sont une raucité soudaine de la voix, des difficultés à respirer et à avaler et une grippe prolongée.
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Si Mary a eu la chance de recevoir des soins médicaux et d'être encore en vie, les médecins estiment qu'il est trop tôt pour dire qu'elle n'a plus de cancer.
« Le cancer de la gorge ne m'a pas seulement privé de ma merveilleuse voix, il m'a aussi privé de mon mariage qui durait depuis 12 ans », a-t-elle déclaré.
Elle fait ainsi partie des femmes dont les conjoints les abandonnent pendant leur lutte contre le cancer, comme le montre une étude réalisée en 2014 par l'université du Michigan. Selon cette étude, 31 % des mariages liés à des maladies physiques se terminent par un divorce, les hommes étant plus nombreux à quitter leur femme malade.
Une autre étude réalisée en 2009 par le centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson indique que le taux de divorce lorsque la femme est atteinte d'un cancer est de 20,8 %, alors que le taux de divorce lorsque l'homme est atteint d'un cancer n'est que de 2,9 %.
Les experts de la santé au Ghana ont déclaré que le phénomène continue d'augmenter, même s'il n'y a pas de chiffres officiels.
Mary ne manque pas une occasion de se rappeler qu'elle a pris la bonne décision en préférant sa vie au mariage. Après tout, elle a ses parents et ses deux enfants - âgés de 11 et 8 ans - qui ont été là pour elle, même s'ils ne comprenaient pas au départ ce que leur mère traversait.
« Maman nous a dit qu'elle avait un cancer et quand nous sommes allés la voir après ses opérations, j'ai eu peur qu'elle meure. Mais maintenant, elle est avec nous et nous sommes si heureux », a déclaré Emmanuella, sa fille de 8 ans.
Le Dr Prah décrit Mary comme une source d'inspiration pour les autres. « C'est une femme déterminée et toujours joyeuse. Nous voulons que nos patients s'inspirent d'elle et qu'ils aient l'espoir de lutter contre le cancer », a déclaré le médecin.
Le thème de la Journée contre le cancer de cette année, « unis par l'unique », marque le début d'une campagne de trois ans visant à explorer les différentes dimensions des soins contre le cancer centrés sur l'être humain et les nouveaux moyens de faire la différence ; un voyage qui va de la prise de conscience à l'action.
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