Un nouvel accord minier conclu entre le Niger et la Turquie prévoit que « toutes les facilités seront accordées » aux entreprises turques intéressées par le secteur minier du pays sahélien.
L'accord a été annoncé lors de discussions bilatérales avec une délégation de haut niveau du gouvernement turc en visite au Niger, dirigée par le ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan.
Cette visite fait suite à un voyage du Premier ministre nigérien, Ali Mahamane Zeine, en Turquie quelques mois plus tôt. Le Niger affirme que cette visite s'appuie sur les partenariats déjà établis lors du voyage précédent.
A lire aussi sur BBC Afrique :
- Pourquoi les élections en Turquie sont-elles suivies de près en Afrique ?
- Guide simple des élections les plus difficiles pour Erdogan
- Que pourrait signifier l'élection présidentielle turque pour le reste du monde ?
Que prévoit l'accord minier ?
« Nous espérons que les opérateurs économiques viendront en grand nombre investir au Niger et que toutes les facilités leur seront accordées pour que l'exploitation des richesses serve à nos deux peuples », aurait déclaré le premier ministre nigérien, Ali Mahamane Zeine, lors de ses entretiens avec la délégation turque.Le Niger est le septième producteur mondial d'uranium, selon l'Association nucléaire mondiale. Il est l'un des principaux fournisseurs d'uranium en Europe, où il est largement utilisé pour l'énergie nucléaire.
Jusqu'à récemment, la France était l'un des principaux acteurs de l'industrie minière du Niger. Mais depuis le coup d'État de juin dernier, le Niger est devenu de plus en plus anti-occidental et le pays a mis un terme aux projets économiques liés à l'Occident.
C'est ainsi que la société minière française Orano s'est vu retirer ses droits d'exploitation. La société opérait au Niger depuis plus de quarante ans et devait commencer l'exploitation d'une troisième mine, la mine d'Imouraren, le plus grand gisement d'uranium du Niger.
Au début du mois, la société canadienne GoviEx Uranium a également perdu ses droits miniers.
Qui d'autre s'intéresse à l'industrie minière du Niger ?
Alors que le Niger forge de nouvelles alliances, la concurrence s'intensifie entre les acteurs qui se disputent une place dans l'industrie minière.« La Turquie ne sera pas la seule à s'intéresser à l'uranium nigérien, l'Iran a été présent, mais le Niger a également conclu un accord exploratoire avec la Russie pour l'aider à créer de l'énergie nucléaire », explique Sam Murunga, analyste de l'Afrique pour BBC Monitoring.
Ces nouveaux acteurs ont beaucoup à gagner. La Turquie, qui projette depuis longtemps de se doter d'une énergie nucléaire, est prête à tirer un grand profit de cet accès, en stimulant ses ambitions économiques.
« Pour la Turquie, il s'agit de savoir comment profiter de cette période où le Niger cherche de nouveaux partenaires, et pour le Niger, toute personne éloignée de la France, des États-Unis et des pays de l'UE qui peut offrir un soutien en termes de sécurité et de défense est un allié qu'il est heureux d'accueillir », déclare M. Murunga.
- Pourquoi les États africains achètent-ils le drone turc Bayraktar TB2 ?
Quels autres accords ont été conclus ?
Outre la Russie, le Niger se tourne également vers la Turquie en tant que partenaire militaire et de défense dans la lutte contre l'État islamique et les militants liés à Al-Qaïda qui opèrent dans l'ensemble de la région du Sahel.« Nous avons discuté de ce qui pourrait être fait pour faire progresser l'industrie de la défense et les capacités de renseignement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Niger, comme nous l'avons fait en Somalie », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.
En avril, la Turquie et le Niger ont convenu d'approfondir leurs partenariats en matière de défense et de sécurité en fournissant des drones Bayraktar TB2 à l'armée nigérienne. La Turquie livrera également des armes et des équipements militaires commandés par le président nigérien déchu, Mohamed Bazoum.
Dans le même temps, les partenariats du Niger avec les pays occidentaux se sont pratiquement effondrés.
En mars, le gouvernement militaire a annoncé la fin d'un accord qui prévoyait la présence au Niger de forces américaines chargées de lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel.
Le gouvernement a donné aux États-Unis un délai jusqu'à la mi-septembre pour le retrait complet de leurs troupes. Les forces russes se seraient installées dans certaines des bases américaines que les soldats ont déjà quittées.
Les forces françaises, présentes au Niger depuis plus de dix ans pour combattre les insurgés islamistes, ont été expulsées peu après le coup d'État.
Les relations de la Turquie avec l'Afrique
La Turquie s'est positionnée comme un partenaire stratégique de l'Afrique en matière de commerce, de sécurité et de développement.
Se présentant comme une alternative « non colonisatrice » à la puissance occidentale, elle a renforcé sa présence sur le continent au cours des deux dernières décennies, ouvrant plus de 40 ambassades et établissant des liens économiques avec 48 pays africains, selon les données du ministère turc du commerce.
Les partenariats militaires sont un élément clé de cette relation croissante. La plus grande installation militaire turque à l'étranger est basée en Somalie, et l'armée turque forme les troupes somaliennes.
Le pays exporte également des armes vers au moins 14 pays africains, dont le Mali, le Burkina Faso, le Togo et le Niger, qui utilisent des drones turcs pour combattre les militants islamistes dans la région.
Lire aussi :
- Invité de BBC Matin : Ahmed Kavas, universitaire turc
- Erdogan : le tout-puissant dirigeant de la Turquie depuis 20 ans
- Le combat d'une mère pour découvrir la vérité après le tremblement de terre meurtrier en Turquie il y a un an