Le président congolais Félix Tshisekedi s'est engagé à rétablir l'autorité du gouvernement dans l'est du pays, où les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont pris le contrôle de la ville de Goma et progresseraient vers le sud pour s'emparer de nouveaux territoires.
Dans un discours télévisé à la nation, il a déclaré qu'une « réponse vigoureuse et coordonnée » contre ce qu'il a appelé les « terroristes » était en cours.
Il a critiqué la communauté internationale pour son « inaction » et son manque d'efforts face à l'escalade de la crise sécuritaire.
L'offensive des rebelles, qui dure depuis des semaines, a suscité des mises en garde contre une crise humanitaire imminente et une pression internationale croissante pour mettre fin aux combats.
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« Soyez sûrs d'une chose : la République démocratique du Congo ne se laissera ni humilier ni écraser. Nous nous battrons et nous triompherons », a-t-il déclaré.
Selon les Nations unies, les combats ont forcé environ 500 000 personnes à quitter leur foyer, aggravant ainsi une crise humanitaire déjà très grave.
Depuis le début des combats, la ville est privée d'électricité et d'eau et la nourriture se fait rare.
Un sommet virtuel du bloc régional d'Afrique de l'Est, convoqué mercredi soir par le président kenyan William Ruto et auquel M. Tshisekedi s'est soustrait, a appelé à un « règlement pacifique des conflits ».
Paul Kagame, du Rwanda, et les dirigeants des autres pays membres, à savoir le Burundi, le Sud-Soudan, la Tanzanie et la Somalie, ont participé à ce sommet.
Les chefs d'État ont « vivement encouragé le gouvernement de la République démocratique du Congo à dialoguer directement avec toutes les parties prenantes, y compris le M23 et les autres groupes armés qui ont des griefs à faire valoir ».
M. Tshisekedi a refusé de s'entretenir directement avec le M23, insistant sur le fait qu'il ne devait parler qu'au Rwanda.
Les dirigeants d'Afrique de l'Est ont également appelé à la tenue d'un sommet conjoint entre le bloc et les dirigeants de la communauté régionale d'Afrique australe (Sadc) afin de « délibérer sur la voie à suivre ». La République démocratique du Congo est membre de la Communauté d'Afrique de l'Est et de la Communauté de développement de l'Afrique australe.
M. Tshisekedi a rendu hommage aux soldats de la Sadc « qui se battent à nos côtés » et aux forces de l'ONU qui ont péri lors de l'assaut des rebelles sur Goma.
Treize soldats de la paix sud-africains ont été tués dans le conflit meurtrier de Goma, ce qui a entraîné des tensions accrues entre l'Afrique du Sud et le Rwanda.
Mercredi soir, M. Kagame a déclaré que le Rwanda était prêt à une confrontation avec l'Afrique du Sud si nécessaire, à la suite d'une déclaration du président sud-africain Cyril Ramaphosa selon laquelle les combattants du M23 et les forces rwandaises étaient responsables de ces décès.
Dans une déclaration ferme répondant directement à M. Ramaphosa, M. Kagame l'a accusé de déformer leurs conversations privées sur la situation instable.
« Si l'Afrique du Sud veut contribuer à des solutions pacifiques, c'est bien, mais l'Afrique du Sud n'est pas en mesure de jouer le rôle d'artisan de la paix ou de médiateur. Et si l'Afrique du Sud préfère la confrontation, le Rwanda traitera la question dans ce contexte n'importe quand », a-t-il déclaré.
Cet échange marque une escalade significative des tensions entre les deux nations, dont les relations sont fragiles depuis plusieurs années.
L'avancée du M23 se poursuit
Dans le même temps, l'Angola a appelé les dirigeants congolais et rwandais à se rencontrer d'urgence à Luanda.Le pays, qui a servi de médiateur lors d'une tentative infructueuse de pourparlers en décembre avant que le M23 ne lance sa dernière offensive, a également appelé à la reprise des discussions menées par la Communauté d'Afrique de l'Est concernant les troubles dans l'est de la République démocratique du Congo.
Cette déclaration a été faite alors que M. Tshisekedi s'est rendu à Luanda pour discuter des prochaines étapes des pourparlers menés par l'Angola.
Les efforts de paix menés par la Communauté de l'Afrique de l'Est et par Luanda n'ont pas réussi à résoudre la crise.
Après l'offensive de plusieurs jours, le M23 consolide son contrôle sur Goma et continue d'avancer. Les rapports indiquent que les rebelles n'ont pas rencontré de résistance jusqu'à présent.
Ils se dirigent vers le sud en direction de Bukavu, la deuxième ville de l'est de la République démocratique du Congo, et l'armée congolaise a établi une ligne de défense près de cette ville.
L'ambassadeur du Rwanda pour les Grands Lacs, Vincent Karega, a déclaré à la BBC que le M23 pourrait dépasser la partie orientale du pays et tenter de marcher jusqu'à la capitale, Kinshasa.
Les Nations unies, l'Union européenne et d'autres pays, dont les États-Unis et la Chine, ont tous appelé les forces rwandaises à quitter la RD Congo.
La RD Congo et l'ONU affirment que le Rwanda soutient le M23 et qu'il est présent à Goma. Le Rwanda ne nie pas explicitement soutenir le groupe et accuse les autorités congolaises de soutenir les milices qui tentent de renverser le gouvernement de Kigali.
Le Royaume-Uni et l'Allemagne font partie des pays donateurs qui ont menacé de retirer leur aide au Rwanda à la suite de l'offensive du M23.
Le ministre britannique des affaires étrangères, David Lammy, a déclaré mercredi que 32 millions de livres (40 millions de dollars) d'aide bilatérale annuelle étaient menacés, tandis que l'Allemagne a annulé les discussions sur l'aide avec le pays.
Reportage complémentaire de Nomsa Maseko à Johannesburg et de Barbara Plett à Nairobi.