L'assassinat du chef politique du Hamas constitue une escalade majeure dans une région déjà déchirée.

Ismail Haniyeh se trouvait à Téhéran, où il assistait à l'investiture du nouveau président iranien, Masoud Pezeshkian, lorsqu'il a été assassiné lors d'une frappe aérienne.

Les autorités iraniennes ont rapidement pointé du doigt Israël, et le guide suprême iranien, l'ayatollah Khamenei, a promis de prendre des « sanctions sévères » à l'encontre d'Israël.

« Nous considérons qu'il est de notre devoir de venger son sang, car il a été martyrisé sur le territoire de la République islamique d'Iran », a déclaré M. Khamenei dans un communiqué.

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En avril, les deux pays ont failli entrer en guerre après qu'une frappe aérienne israélienne a tué le principal commandant iranien en Syrie.

En réponse, l'Iran a tiré des centaines de drones et de roquettes sur Israël, qui a riposté par une frappe aérienne sur un aéroport militaire dans la ville d'Ispahan, dans le centre de l'Iran.

M. Haniyeh, le chef politique du Hamas, se rendait fréquemment en Iran ces dernières années et rencontrait régulièrement le guide suprême iranien et d'autres hauts responsables.

M. Haniyeh, ainsi que le chef du Jihad islamique, le numéro deux du Hezbollah libanais et un haut responsable des Houthis du Yémen, ont tous été invités au premier rang lors de la cérémonie d'investiture du président iranien.

Tous avaient également rencontré l'ayatollah Khamenei, qui leur avait réservé un accueil chaleureux.

L'Iran affirme que M. Haniyeh et son garde du corps ont été tués dans une maison d'hôtes du nord de Téhéran à 2 heures, heure locale, par un missile tiré depuis l'extérieur des frontières iraniennes.

Israël est soupçonné d'être à l'origine de l'assassinat d'une série de scientifiques nucléaires iraniens au cours de la dernière décennie, mais n'a jamais pris pour cible un dignitaire ou un dirigeant politique de premier plan.

Cet assassinat embarrassera profondément l'Iran et soulève des questions sur les capacités de ses agences de sécurité.

Il y a trois ans, l'ancien ministre du renseignement Ali Younesi a déclaré que l'infiltration israélienne était si profonde en Iran que tous les fonctionnaires devraient craindre pour leur vie.

Et ce, bien que les responsables des services de renseignement iraniens affirment qu'ils « détruisent » régulièrement les réseaux israéliens en Iran.

Et ensuite ?

La préoccupation immédiate est maintenant la réponse de l'Iran et la forme qu'elle pourrait prendre - et ce qu'une telle réponse signifierait pour les tensions dans la région.

L'assassinat de Haniyeh survient quelques heures seulement après qu'Israël a affirmé avoir tué l'un des plus hauts commandants militaires du Hezbollah libanais dans le sud de Beyrouth, ce qui lui donne une raison d'intensifier la guerre transfrontalière de missiles du Hezbollah contre Israël.

L'Iran pourrait également demander à ses milices régionales mandataires d'intensifier leurs attaques contre Israël.

Certains commentateurs de la région estiment déjà que les tensions entre Israël et le Hezbollah atteindront un nouveau sommet, et qu'une guerre totale entre les deux est tout à fait possible.

Un nouveau président pour l'Iran

La mort de Haniyeh survient au moment où l'Iran investit Masoud Pezeshkian, un nouveau président relativement modéré qui s'est engagé à améliorer les relations diplomatiques avec le monde extérieur.

Sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter, il a déclaré qu'hier, il levait la main au parlement et qu'aujourd'hui, il devait porter son cercueil sur son épaule.

Après avoir déclaré qu'il soutenait la Palestine, M. Pezeshkian a affirmé que son gouvernement poursuivrait les intérêts nationaux et la paix et la sécurité mondiales par le biais de relations étrangères équilibrées et harmonieuses.

L'assassinat de Haniyeh va torpiller ses projets, du moins pour l'instant.

Avec un président désireux de rétablir les relations avec le reste du monde, l'Iran pourrait hésiter à lancer une offensive de grande envergure contre Israël.

Mais cet assassinat jette une ombre sur les négociations de cessez-le-feu et de paix visant à mettre fin à un conflit qui a tué jusqu'à présent plus de 38 000 Palestiniens, selon le ministère palestinien de la santé, dirigé par le Hamas.

Le Premier ministre du Qatar, Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, principal médiateur entre Israël et le Hamas, a déclaré que l'assassinat de M. Haniyeh compromettait gravement les pourparlers, étant donné qu'il s'agissait d'une personnalité cruciale participant aux négociations.

Tout cela va-t-il déboucher sur une guerre totale dans la région ? Difficile à dire. Il semble que personne ne souhaite une telle issue pour le moment.

Mais les guerres ne sont pas toujours le résultat de risques calculés.