Le président Trump a signé un décret interrompant formellement toute aide à l'Afrique du Sud, affirmant que la nouvelle loi foncière du pays viole les droits de l'homme de la minorité blanche du pays.
M. Trump affirme que la nouvelle loi sud-africaine sur l'expropriation permet de confisquer sans compensation les terres agricoles appartenant à la minorité blanche.
Il a demandé à son cabinet d'élaborer un programme de réinstallation pour les Afrikaners qui, selon lui, « sont victimes d'une discrimination raciale injuste ».
Les Afrikaners sont un groupe ethnique descendant des colonisateurs européens, principalement néerlandais.
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Son proche conseiller Elon Musk, qui est né en Afrique du Sud, s'est également joint à la critique, demandant sur X pourquoi le président Cyril Ramaphosa avait « des lois ouvertement racistes sur la propriété ».
Pourquoi la question de la terre est-elle si importante en Afrique du Sud ?
Plus de trente ans après la fin de l'apartheid, la propriété foncière en Afrique du Sud reste une question explosive et très sensible.La réforme agraire est au cœur du programme de transformation du pays depuis l'avènement de la démocratie en 1994.
La loi sur l'expropriation récemment signée rappelle comment la terre a été arrachée de force à la majorité noire par l'ancien gouvernement raciste de l'apartheid.
En vertu de la loi sur les terres indigènes de 1913, la propriété foncière des Noirs était limitée à 7 %. Cette limite a ensuite été portée à 13 % en vertu de la loi sud-africaine de 1936 sur les terres et le fidéicommis indigènes (Native Trust and Land Act).
Ces lois ont permis aux Blancs de posséder près de 90 % des terres, tandis que la majorité noire se débattait pour obtenir ce qui restait.
En conséquence, les Noirs ont été relogés sur des terres surpeuplées où ont été construits des townships mal planifiés.
Pour rappeler les injustices du passé, l'Afrique du Sud a commémoré cette semaine le 70e anniversaire de l'expulsion forcée de 65 000 Noirs par le régime de l'apartheid pour faire place à une banlieue réservée aux Blancs.
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Que dit la nouvelle loi ?
La nouvelle législation vise principalement à corriger les inégalités historiques tout en favorisant la croissance économique.Elle permet au gouvernement de prendre des terres pour le bien public, comme le développement d'infrastructures, y compris la construction de routes et de maisons, tout en garantissant que les propriétaires soient indemnisés et traités équitablement.
La nouvelle législation remplace la loi sur l'expropriation de 1975, antérieure à la démocratie, qui obligeait l'État à payer les propriétaires auxquels il voulait prendre des terres, selon le principe « vendeur consentant, acheteur consentant ».
Au lieu de cela, cette loi exige une indemnisation équitable pour les terres expropriées, sauf dans certaines circonstances spécifiques où il est jugé « juste et équitable et dans l'intérêt public » de ne pas l'accorder.
Il s'agit notamment des cas où la propriété n'est pas utilisée et où il n'y a pas d'intention de la développer ou d'en tirer profit, ou lorsqu'elle présente un risque pour les personnes.
Dans ces circonstances, la loi stipule qu'aucune confiscation n'aura lieu sans procédure régulière et équitable.
À qui appartiennent les terres de l'Afrique du Sud ?
Bien que l'apartheid ait pris fin il y a plus de trente ans, les Blancs contrôlent toujours la majeure partie des terres arables du pays.Les statistiques actuelles montrent que les Blancs possèdent les trois quarts des terres privées, alors qu'ils représentent moins de 10 % de la population totale.
Le gouvernement ne possède qu'environ 14 % des terres.
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Pourquoi Trump est-il si contrarié par la nouvelle loi ?
Bien que la nouvelle loi stipule clairement que les terres ne peuvent être saisies sans compensation que dans certaines circonstances, la communauté blanche d'Afrique du Sud pense qu'elle a donné au gouvernement toute latitude pour saisir des propriétés résidentielles privées.Les opposants à la loi établissent des comparaisons avec les politiques de redistribution des terres au Zimbabwe, où des milliers de fermiers blancs ont été chassés de leurs terres, souvent par la violence, entre 2000 et 2001.
Ces saisies étaient censées remédier à l'accaparement des terres à l'époque coloniale, mais elles ont contribué au déclin économique du pays.
Les affirmations contre la nouvelle loi sud-africaine sont formulées par le groupe de défense des droits civils de droite AfriForum, qui se concentre principalement sur les intérêts des Afrikaners. Le groupe a fait pression pour obtenir un soutien international avant et après la signature de la loi sur l'expropriation le mois dernier.
Le groupe affirme que la nouvelle loi ne garantira pas la protection des droits de propriété.
Mais l'ANC a accusé AfriForum de désinformation et d'alarmisme. Au contraire, le président Cyril Ramaphosa a comparé la nouvelle loi à une législation similaire aux États-Unis.
« Comme les États-Unis d'Amérique et d'autres pays, l'Afrique du Sud a toujours eu des lois sur l'expropriation qui concilient la nécessité d'une utilisation publique des terres et la protection des propriétaires », a-t-il déclaré.
Dans une tournure d'événements surprenante, M. Trump a offert le statut de réfugié aux agriculteurs sud-africains blancs « fuyant la discrimination fondée sur la race parrainée par le gouvernement ».
En réalité, la plupart des Afrikaners se portent bien en Afrique du Sud. Nombre d'entre eux se sont rendus sur les médias sociaux pour rejeter l'offre de Trump de s'installer aux États-Unis.
L'organisation afrikaner Orania Movement a déclaré que ses membres n'avaient pas l'intention de quitter leur patrie et ne cherchaient pas à devenir des réfugiés dans un autre pays.
Orania est une petite ville de la région du Karoo qui a été créée pour préserver la culture afrikaner et possède sa propre monnaie.
Quel est le montant de l'aide financière accordée par les États-Unis à l'Afrique du Sud ?
Le décret du président Trump gèle près de 440 millions de dollars d'aide financière américaine à l'Afrique du Sud.Mais l'ambassade américaine en Afrique du Sud a confirmé que le financement du PEPFAR, qui représente jusqu'à 17 % du programme de lutte contre le VIH/sida du pays, ne serait pas affecté.
Qu'a dit Julius Malema ?
Julius Malema, le leader du parti populiste radical des Combattants pour la liberté économique, a rejeté l'affirmation de Trump concernant le nouveau projet de loi sur la réforme agraire, le décrivant comme une attaque contre la souveraineté du pays et une démonstration flagrante de l'arrogance impérialiste.Cela a incité Elon Mask à souligner les chansons controversées que Malema a chantées par le passé, notamment « Dubul'ibhunu - shoot the Boer », qu'il a qualifiées d'incitation à la violence.
En 2010, Malema a été jugé pour avoir chanté cette chanson.
La chanson a été déclarée comme étant un discours de haine, mais ce jugement a ensuite été annulé par la Haute Cour de Johannesburg, qui a jugé que la chanson n'était ni un discours de haine, ni une incitation à la violence.
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