Le président américain, Donald Trump, a déclaré que les États-Unis pourraient « prendre le contrôle » de Gaza et procéder à la déportation des Palestiniens. Sa déclaration a engendré des accusations selon lesquelles il planifie un nettoyage ethnique. Elle a suscité la condamnation de l'ONU, des dirigeants arabes, de leaders d'autres régions du monde et d'organisations de défense des droits de l'homme.
Il a fait cette déclaration lors d'une conférence de presse donnée à la Maison Blanche, mardi 4 février, aux côtés du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
M. Netanyahu a dit que l'idée de M. Trump « méritait d'être prise en considération ». Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, Hossam Zaki, a déclaré à la BBC qu'un tel déplacement de deux millions de personnes constituerait un crime contre l'humanité.
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Mais la proposition plutôt vague de M. Trump, qu'il a présentée comme une réinstallation « dans des communautés beaucoup plus sûres et plus belles, avec des maisons neuves et modernes dans la région », constitue-t-elle réellement un nettoyage ethnique ? Et en quoi le nettoyage ethnique diffère-t-il du génocide ?
Que signifie le « nettoyage ethnique » ?
D'une manière générale, le nettoyage ethnique renvoie à l'expulsion d'un groupe particulier d'une zone donnée. Il peut s'agir d'une déportation ou d'un déplacement forcé, l'objectif final étant de créer des zones géographiques ethniquement homogènes.Selon le professeur George Andreopoulos, directeur fondateur du Centre for International Human Rights au John Jay College de New York, il ne s'agit pas seulement de relocalisation, mais aussi de « l'élimination de tous les vestiges physiques du groupe ciblé par la destruction de monuments, de cimetières et de lieux de culte ».
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Il a également été utilisé en 2017 par l'ancien haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Raad Al Hussein, pour décrire le ciblage des musulmans de l'ethnie rohingya, dans l'État de Rakhine, en Birmanie, par le gouvernement. Il avait parlé d'un « exemple classique de nettoyage ethnique ».
L'épuration ethnique est-elle un crime de guerre ?
Selon les Nations unies, ce terme s'est répandu en raison de la nature des conflits armés contemporains.Des experts de l'ONU estiment qu'un certain nombre de pratiques coercitives peuvent être utilisées pour convaincre les populations de partir et accélérer ainsi la capitulation militaire d'un pays. Il s'agit notamment de la torture, de l'arrestation, de la séquestration, du viol et des agressions sexuelles, de la destruction de biens, du vol et de la prise pour cible d'installations médicales.
Certains de ces actes constituent techniquement des crimes de guerre, mais l'épuration ethnique n'a pas été définie et n'est pas reconnue comme un crime en vertu du droit international, selon les Nations unies.
Pour Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, Israël tente depuis des décennies de procéder à un « nettoyage ethnique de masse des Palestiniens dans le brouillard de la guerre ».
« Il y a un grave danger que ce à quoi nous assistons soit une répétition de la Nakba de 1948 ... mais à plus grande échelle », a-t-elle déclaré, faisant allusion au terme arabe signifiant "catastrophe" utilisé pour décrire les événements de 1947-1949, lorsque plus de 750 000 Palestiniens ont été expulsés de leurs maisons et de leurs terres au cours des hostilités à l'origine de la création de l'État d'Israël.
Quelle est la différence entre le nettoyage ethnique et le génocide ?
Si le nettoyage ethnique n'a pas été reconnu comme un crime indépendant en vertu du droit international, le génocide l'a certainement été.L'Assemblée générale des Nations unies l'a désigné comme tel en 1946 en réponse aux politiques nazies d'assassinat systématique du peuple juif pendant l'Holocauste.
Le génocide est défini comme « tout acte commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
Ces actes comprennent le fait de tuer ou de blesser gravement certains groupes, d'imposer des conditions de vie visant à la destruction physique d'un groupe, d'arrêter les nouvelles naissances au sein d'un groupe ou de transférer de force des enfants d'un groupe à un autre.
L'ancien Premier ministre du Rwanda, Jean Kambanda, est devenu en 1998 le premier chef de gouvernement à être reconnu coupable de génocide par un tribunal international, pour son rôle dans le massacre de près d'un million de Tutsis et de Hutus modérés quatre ans plus tôt.
Une question d'intention
Mais la définition des Nations unies contient également ce que l'on appelle un élément « mental », à savoir « l'intention de détruire un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».C'est cette « intention » de l'auteur qui constitue la différence cruciale entre le nettoyage ethnique et le génocide.
Alors que la destruction physique d'un groupe ethnique ou religieux est l'objectif premier du génocide, l'objectif principal du nettoyage ethnique est l'expulsion de ces personnes et l'établissement de territoires ethniquement homogènes.
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