Infos Business of Tuesday, 13 December 2016

Source: 237online.com

11 milliards pour relancer la SODECOTON et SEMRY

Siège de la SODECOTON à Garoua Siège de la SODECOTON à Garoua

Il est question d’améliorer la production de ces entreprises nationales afin de limiter les importations de riz et des produits dérivés du coton.

Au terme de l’emprunt obligataire lancé par le Cameroun le 27 septembre jusqu’au 12 octobre 2016, la société de développement du Coton (Sodecoton) et la société d’expansion et de modernisation de Riziculture de Yagoua (Semry) recevront 11 milliards FCFA sur les 150 milliards FCFA attendus de cette opération.

Pour la relance de la Sodecoton, l’Etat a consenti d’injecter 7,5 milliards FCFA alors que la Semry recevra 3,5 milliards FCFA. Dans chacun de domaines, les besoins sont énormes par rapport à la capacité de production actuelle de chacune des agro-industries.

Déficit d’électricité, problèmes d’irrigation à la Semry

Concernant par exemple la production du riz, selon les statistiques, la demande nationale en riz blanchi est estimée à 578 278 tonnes et pourrait atteindre 592 735 tonnes en 2017 avant le pic de 607 553 tonnes en 2018. Dans les quelques bassins de productions disséminés sur le triangle national, leur production cumulée n’est que de 100 000 tonnes au sortir de 2015.

Depuis 2014, un plan de relance visait l’acquisition de deux unités de transformation de riz paddy. La capacité devait permettre le décorticage de 20 tonnes en une heure dans un fonctionnement en plein régime. La volonté de l’équipe dirigeante était de limiter l’exportation du riz non décortiqué vers le Nigeria voisin. Mais actuellement, les nouvelles de l’activité sur les milliers d’hectares de la Semry ne sont pas rassurantes pour la production de cette année.

Selon Danay Online, un site d’informations sur l’actualité dans le Mayo Danaï où se trouve la Semry , les riziculteurs connaissent d’énormes difficultés d’irrigations à cause des fréquentes pénuries d’électricités. « J’avais loué une motopompe. J’ai irrigué mon champ et j’ai répandu mes engrais. Après ça, il y a encore eu rupture d’eau. Comme c’était avec la motopompe, ça n’a pas tenu. Et actuellement, les plants sont en train de se brûler. Chaque jour, nous sommes en brousse et j’ai beaucoup dépensé. La population ne sait plus ce qu’elle doit faire » explique Faraye Hodora, veuve et rizicultrice. « Si la Semry ne vient pas avec sa machine pour régler le tour d’eau dans les parcelles, ça sera très dur pour nous. Les riziculteurs se disputent fréquemment. Chacun cherche là où l’eau doit aller dans son champ comme il peut et le voisin dont la parcelle n’est pas irriguée engage la bagarre » expliquait en avril 2016 Martin Djona, délégué du groupement des riziculteurs de Bagara.

Les 3,5 milliards FCFA qui seront investis à la Semry grâce à l’emprunt obligataire s’inscrivent dans un contexte où le Cameroun a décidé de mettre fin à l’exonération de taxe sur l’importation du riz arrêtée après les émeutes de Février 2008. Cette denrée fortement sollicitée dans les ménages est à nouveau soumise aux paiements de 5% de droits de douanes. Il faut donc mettre tous les moyens afin que la production nationale soit améliorée afin d’avoir aussi une maîtrise des prix sur les marchés à long terme.

Tensions de trésorerie à la Sodecoton

La situation de la Sodecoton n’est pas aussi reluisante. Depuis 1984, la production annuelle des exploitations situées dans la partie septentrionales du pays est en dent de scie. Il y a 32 ans la production était de 97 502 tonnes sur une superficie de 73 316 hectares (Ha) soit un rendement moyen de 1 130 Kg/Ha. Au sortir de 2014, cette production est estimée à 250 000 tonnes sur 200 000 Ha. Ce qui représente une moyenne de production de 1 250 Kg/Ha. En matière de transformation seulement 2% de sa production annuelle est transformée localement.

Dans les stratégies de relance, il faut aussi redonner vie au segment de production de l’huile diamaor en perte de vitesse sur le marché. En 2014, par exemple, il était attendu une augmentation significative de la production de cette huile de table en passant de 16 à 24 000 tonnes par an au minimum ou de 18 à 27 000 tonnes maximum. Pour sa réalisation, il était prévu d’injecter 15 milliards FCFA. A ces difficultés, s’ajoutent d’importantes tensions de trésorerie dans cette agro-industrie créée en 1974. L’on estime à près de 21 milliards FCFA, les pertes sèches enregistrées dans cette entreprise depuis 2013.