En 2014, 37,5% de la population camerounaise vivait en dessous du seuil de pauvreté. Soit 8,1 millions de personnes, sur une population estimée à près de 21,6 millions d’habitants. C’est ce qui ressort du rapport de synthèse la 4ème Enquête camerounaise auprès des ménages (ECAM 4) publié mercredi par l’Institut National de la Statistique (INS). Cette étude, intitulée: «Tendances, profil et déterminants de la pauvreté au Cameroun entre 2001-2014», indique que certains éléments du cadrage macroéconomique ont été favorables à l'amélioration des conditions de vie des ménages.
Cependant, leur impact positif a toutefois été atténué par une aggravation des inégalités, les effets néfastes de la crise économique mondiale de 2008 dont la persistance ralentit les investissements directs étrangers (IDE). Selon ECAM 4, réalisé auprès d'un échantillon définitif constitué de 10.303 ménages choisis suivant un plan de sondage aléatoire, «la croissance au Cameroun entre 2007 et 2014 a été non inclusive, en ce sens qu'elle bénéficie aux ménages les plus aisés et très peu aux populations pauvres».
La légère amélioration du niveau de vie des ménages, en 2014, est restée sous la menace directe du niveau élevé des prix des produits alimentaires de grande consommation ainsi que du climat d'insécurité dans les régions frontalières de l'Est et du septentrion, apprend-on. Ainsi, au cours de la période 2001-2014, la croissance économique mesurée par le produit intérieur brut (PIB) par tête a été positive mais modeste. Le taux de croissance annuel moyen du PIB ayant été de 3,6% de 2001 à 2007 et de 3,9% entre 2007 et 2014 alors que, dans le même temps, la croissance démographique restait élevée (2,6% en moyenne annuelle).
Selon le rapport de l’Institut National de la Statistique, Entre 2001 et 2014, le pourcentage des personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé de 40,2% en 2001 à 39,9% en 2007, pour atteindre 37,5% en 2014. Et, si le niveau de pauvreté fut constant entre 2001 et 2007, une baisse s'est amorcée sur la période 2007 à 2014 avec une diminution du taux de pauvreté de 2,4 points.
Selon ce même rapport, l’atteinte de l’objectif de 28,7% d’incidence de la pauvreté en 2020 fixé dans le DSCE (Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi) reste possible, au regard des perspectives de croissance économique favorables et soutenues par les politiques publiques en cours de mise en oeuvre ou envisagées. Pour cela, préconise ECAM 4, le taux réel de croissance du PIB devrait se situer nettement au-dessus de 7% en moyenne annuelle. Au regard des disparités actuelles dans la redistribution, cette croissance économique devra être plus inclusive (pro pauvre).
Les politiques de relance de la production agricole et Industrielle (surtout les agro-industries en raison de l’importante valeur ajoutée qu’elles génèrent), ainsi que la promotion des filières porteuses de croissance à moyen terme devront être intensifiées. La promotion de l’emploi de qualité, notamment en faveur des jeunes, mérite de demeurer l’une des priorités de premier ordre des pouvoirs publics, non seulement pour atténuer les tensions sociales liées au sentiment d’exclusion sociale que certains sans-emplois pourraient, dans le désespoir du chômage de longue durée, nourrir, mais aussi et surtout, parce que l’emploi décent reste le moyen le plus efficace et durable de réduction de la pauvreté.
En rappel, l’objectif général de la quatrième Enquête Camerounaise Auprès des Ménages (ECAM 4) est de produire les indicateurs sur les conditions de vie des populations. Ces indicateurs permettent l’actualisation du profil de pauvreté, le suivi et l’évaluation de la stratégie nationale de la croissance et l’emploi et de la progression vers l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ils permettent également d’évaluer les effets des programmes et politiques macro-économiques mis en œuvre au Cameroun sur les conditions de vie des ménage.